Dans deux à trois semaines, les côtes mahdoises vont subir l’assaut d’immenses et nombreuses bandes de coryphènes (Lambouca) …à la grande joie des connaisseurs, des ménagères et …des bourses.
Les marins s’apprêtent déjà à les accueillir de la plus belle des manières. Ils montent des palmes (jrid) sur des cadres en bois qu’ils jettent au large. Tout cela pour que ces envahisseurs puissent se protéger du soleil et se regrouper. C’est du moins ce que racontent les vieux marins pour entretenir les charmes et mystères de la grande bleue.
Ainsi regroupés, il est plus facile de les attraper. Les poissons pêchés lors des deux premières semaines sont généralement trop petits et chacun fait semblant de râler contre la voracité de certains pêcheurs qui n’auraient pas dû cueillir des fruits si précoces…Mais très vite, la taille et la saveur s’améliorent et ce poisson devient le met de ce mois. Grillé, frit, au four, poché (avec des pates ou couscous)...il s’accommode à toutes les sauces.
Les puristes l’adorent en « Mhamess » avec son goût si particulier légèrement acidulé ou « Mteffe7 » (au goût de pommes)…un régal !!
Un autre poisson connait aussi son heure de gloire dès la première moitié de Septembre, c’est le « Karchou » (mulet à grosse tête) que les novices confondent souvent avec le « Bouri ».
Le « Karchou », en cette période, se prépare à frayer dans nos eaux, sa chair devient succulente avec les réserves de graisse qu’il s’est fait pour l’occasion. Dans ses tripes il ramène de l’or en grains, ce n’est certes pas du caviar mais sa boutargue est aussi appréciée et aussi chère.
C’est aussi la saison des raisins mûrs, du début des dattes avec le « Lemsi », du jujube (3ennab) …mais aussi des mouches, des chaleurs moites si nécessaires pour faire mûrir les dattes et le coing et des premiers orages,…
Alors les retardataires se pressent de blanchir les toits de leurs demeures pour accueillir les premières pluies …