L'expression ‘‘brain drain’’ a été créée par les journaux de sensation britanniques au début des années 1960. Elle désignait la migration qualifiée de façon péjorative, comme une perte économique, et faisait référence à l’émigration des scientifiques britanniques vers les États-Unis.
Depuis le début du siècle, la Tunisie est devenue un pays qui fait fuir ses cerveaux, non seulement ceux ayant étudié à l’étranger (plus de 5.000 par an) mais aussi les diplômés des établissements universitaires nationaux.
Ce faisant, la Tunisie ne peut retenir que les compétences à court de moyens financiers nécessaires pour sauter dans l’avion et se prendre en charge pendant la période de recherche d’emplois.
Aujourd’hui, les tunisiens travailleurs ou porteurs de projets sont matés ou bloqués par leurs concitoyens fonctionnaires de l’Etat, fainéants ou nonchalants quand ils ne sont pas corrompus. Les plus chanceux d’entre eux préfèrent s’expatrier à la recherche de motivations et d’encouragements, permettant à chacun d’eux de trouver le bonheur d’être apprécié et rémunéré à sa juste valeur sans népotisme aucun.
Dans ce cadre, l’OCDE dénombre 94.000 diplômés ayant déjà quitté la Tunisie en six ans vers l'Europe.
Jeunes et moins jeunes, parmi eux, des médecins, des ingénieurs, des juges, des universitaires, et des chercheurs, mais aussi des hommes et des femmes d'affaires qui, après leurs études en Tunisie, choisissent de s'envoler vers les pays développés, où des opportunités motivantes et des rémunérations intéressantes les attendent.
Il n’est plus à démontrer que la fuite des cerveaux n’est pas sans conséquences sur la Tunisie, qui a substantiellement investi sur l’instruction de ses jeunes. L’exode des talents entraîne des coûts considérables pour la Tunisie: perte de compétences, d’idées et d’innovation, perte d’investissements dans l’éducation, perte de recettes fiscales, perte de services cruciaux dans les secteurs de la santé, perte de contribution dans les secteurs productifs notamment dans l’industrie.
L’émigration fait aussi peser d’autres coûts, avec notamment des effets sociaux nourris par les disparités régionales et les inégalités de revenus, qui mettent à rude épreuve les familles et augmentent la délinquance et la criminalité.
Enfin, et en termes d’impact sur la production, la fuite de cerveaux entraîne un manque à gagner au niveau de la création d’emplois et de la génération de valeur ajoutée pour la formation du PIB. Certaines estimations tablent sur un impact annuel de ‘’50.000 à 80.000 emplois non créés’’ et ‘‘3 à 5 points de croissance non réalisés’’.
En revanche, la fuite des cerveaux constitue une aubaine pour les pays développés hôtes, qui profitent de l’arrivée des migrants diplômés du supérieur, moyennant une sélection en amont et un accompagnement en aval.
Des études élaborées par les pays d’accueil, ont montré l’importance des effets des migrations sur le développement économique et social, mettant la lumière sur les interactions entre migrations et développement.