La particularité des élections municipales s’articule autour du faible taux de participation (33.7%) et de la forte part des voix remportées par les listes indépendantes (28%), étant souligné que ≈50% des voix exprimées ont été décrochées par la coalition parlementaire Nidaa-Ennahdha.
Au vu de la confirmation donnée par Rached Ghannouchi et Abdelkarim Harouni, la "Dictature consensuelle" se poursuivra entre NiNa pour gouverner la majeure partie des municipalités, et ce, conformément au Pacte de Bristol (14-08-2013).
Comme prévu, la liste al-Afdhal s’est taillée la part du lion à l'Ariana avec ≈36%, marquant une belle revanche de Fadhel Moussa contre le "vote utile" inculqué aux législatives de 2014.
Personnellement, je suis très satisfait que l'Ariana ne soit pas gouvernée par la mafia NiNa au titre des 5 prochaines années. Il en est de même pour la Marsa, là où la liste de Slim Meherzi a détrôné celles de NiNa.
En choisissant de se déplacer massivement pour voter contre NiNa, les Arianais et les Marsois ont réussi leur pari, qui consiste à renverser démocratiquement le "dictature consensuelle".
Ainsi, ils démontrent aux Tunisiens libres et patriotes qu'il est toujours possible de démentir les sondages concoctés ‘‘à la carte’’, et de battre l'oligarchie politico-financière qui ne cesse d’engraisser les médias pour tromper l'opinion publique et manipuler les électeurs.
Moralité de l’histoire, et contrairement à ce que laissent entendre les canaux médiatiques, l’électeur tunisien est mature dès lors qu’il sait évaluer les prestations, mesurer la tenue des promesses, apprécier la moralité des candidats, et sanctionner les contre-performants et malhonnêtes.
Espérons qu’une telle prouesse soit inscrite en tant qu’opération pilote permettant aux Tunisiens de s’inscrire dorénavant dans cette tendance rigoureuse et éveillée.
Principaux enseignements à tirer
Ayant été initialement prévues début 2017, les élections municipales ont été décalées à plusieurs reprises par les deux pactiseurs de Bristol, vu qu’ils redoutaient que la multiplication des circonscriptions (350 contre 33 pour les législatives) aille stimuler les voix des électeurs mécontents, et favoriser les listes indépendantes.
En fait, les leaders de NiNa savaient pertinemment que la déception de la majeur partie des votants aux législatives de 2014 est entière, et que leur réaction sera incontrôlée jusqu’à être revancharde.
Le seul salut pour les deux partis politiques aux commandes réside dans la gestion de la réticence et de l’abstention des votants ne faisant pas partie de leurs propres réservoirs.
A titre indicatif, il y a lieu de souligner que l’électorat perdu Nidaa Tounes en 2018 correspond à ce qu'il avait vicieusement raflé en 2014 auprès des partis politiques socio-démocrates et des partis progressistes (TKTL, JMR, MSR, CPR, …) et ce, dans le cadre de l'appel subtil au ‘‘VOTE UTILE’’ lancé par BCE et ses compagnons.
D'ailleurs, lors des municipales du 06 mai, Fadhel Moussa a récupéré son électorat à l'Ariana, ayant été méchamment arraché auparavant par Nidaa.
Aujourd’hui, seul 11% du corps électoral potentiel ont voté pour NiNa, 6% ont donné leurs voix à des listes indépendantes, et 5% à d’autres partis politiques, alors que 78% ne se sont pas exprimés (où 2 sur 5 non inscrits sur les listes électorales, une lacune à réparer avant 2019).
Ceci confirme de nouveau que l’électorat tunisien est méconnu et évolutif, demeurant très sensible aux prestations de la majorité et aux propositions de l’opposition : engraissement de la corruption, effondrement du pouvoir d’achat, gonflement du chômage, écroulement du dinar, affaissement des équilibres macroéconomiques, affolement de l’endettement extérieur, etc…
Le fort taux d'abstention (66%) traduit que le tunisien ne veut plus des familles politiques existantes depuis 2014 et ne sait pas à qui donner sa voix.
Il s’en découle qu’un point de pourcentage supplémentaire au taux de participation aurait profité majoritairement aux listes indépendantes, et faiblement aux nouveaux partis politiques du genre Bani Watani.
Par conséquent, si le taux de participation était de 50%, les listes indépendantes auraient ramassé au moins la moitié des voix, et auraient raflé des grandes villes, à l’instar de l’Ariana et de la Marsa.
Déjà, l’affectation des 3356 sièges au niveau des conseils municipaux (relevant des 350 municipalités) donne provisoirement 1.001 sièges aux listes indépendantes (30%), contre 1.101 à Ennahdha (33%) et 694 à Nidaa (21%).
Ainsi, les jeunes devront en tirer les enseignements pour ne plus rater aucune élection, s'ils veulent décider de leur avenir.