A fin mars, l’INS enregistre un nouveau pic pour la hausse des prix : +7,6%. Un phénomène qui devient structurel, sape le moral des ménages, agresse la centrale syndicale, et fragilise une éventuelle reprise de l'économie nationale.
Catalysée par le glissement mécanique du dinar en raison d’une aggravation de la balance des opérations courantes, la hausse des prix et l'augmentation de la pression fiscale mettent en difficulté le pouvoir d’achat du ménage tunisien.
Le seul levier sur lequel la BCT peut agir est la fixation du taux directeur du marché monétaire, à l’effet de ralentir la consommation et de maîtriser la spirale inflationniste.
Sauf que le récent relèvement du TM de 75 points de base expose l’entreprise et le particulier à un renchérissement des ressources financières, et conduira, par suite, à l’accentuation de l’inflation.
Si la BCT avait estimé en Mars que l’inflation moyenne plafonnera à 7,2% au courant de 2018, les initiés demeurent persuadés qu’elle pourra dépasser aisément les 10% compte tenu :
- de l’effet retardé de l’augmentation des taxes (TVA et DD),
- de l’impact de la hausse graduelle du TMM sur les frais financiers,
- de l’évolution baissière du dinar au vu des recommandations du FMI,
- de la tendance haussière du cours du baril de pétrole,
- ainsi que de la recrudescence de la spéculation notamment pour les produits alimentaires (stockage dans les chambres froides des produits agricoles et des produits de pêche
Par ailleurs, ne pouvant agir ni sur les importateurs de biens de consommation (rentiers abusant des réserves de change), ni sur les détenteurs de bâtiments frigorifiques (véritables spéculateurs), le Ministère du Commerce fait actuellement pression sur les agriculteurs pour geler leurs prix à la production, ce qui les accule à tomber en difficulté financière compte tenu de l’accroissement excessif des charges : semences, produits de traitement, aliments de bétail, renouvellement, etc…
C’est ainsi que les éleveurs de vaches laitières sont en train de se débarrasser de leur cheptel par souci de minimisation de leurs pertes et de maîtrise de leur endettement. En conséquence, et pour la première fois depuis les années 90, la production laitière affiche un sérieux fléchissement qui s’accentuera vraisemblablement courant 2018 et 2019, et fera apparaître un déficit laitier permanent.
Ceci conduira inéluctablement l’Etat à recourir à l’importation du lait (forme liquide ou en poudre) à un prix au moins égal au double du prix de production actuel. Quel gâchis !