Si les gouvernements post-2014 ont échoué, il n’est pas prouvé que la débâcle soit imputable à la nature du régime politique.
Dès le départ, Béji Caïd Essebsi semblait vouloir forcer le retour au régime présidentiel pour centraliser le pouvoir entre les mains du Prince. Dans cette perspective, il a volontairement établi une coalition NiNa et s’est évertué à désigner un Chef Exécutif non leader de Nidaa Tounes.
Par cette démarche machiavélique, il a réussi à ériger un gouvernement hétérogène, faible et dépendant de Carthage. Ce faisant, la 1ère et la 2ème équipes de Habib Essid n’ont pu convenir d’un plan de développement quinquennal cohérent, ni s’entendre sur la priorisation et la planification des réformes économiques et sociales.
Les tergiversations étaient prévisibles, et l’échec était recherché par le locataire de Carthage. Des doutes ont alors été exprimés quant à l’inefficacité du régime parlementaire, ne permettant pas une stabilité de la gouvernance politique du pays.
Béji Caïd Essebsi a ensuite désigné un de ses proches et membre de la direction de Nidaa Tounès, pour installer un gouvernement fonctionnant sous les consignes de la Présidence, et ne pouvant ni honorer ses engagements ni tenir ses promesses.
Il est vrai que Youssef Chahed a mal choisi la plupart des ses collaborateurs, soit en cédant à la pression des partis dominants, ou en privilégiant le copinage sur la compétence.
Malgré le soutien populaire à son projet de guerre contre la corruption, l’échec de Youssef Chahed était inévitable en l’absence d’appui politique par Nidaa Tounès qui est devenu le parti « Sebsiste » depuis le départ de tous ses éléments démocrates.
Maintenant, on entend des voix se lever pour changer le régime parlementaire (le prenant pour responsable de l’échec post-2014), sans faire le moindre diagnostique du malaise, et pour appeler à la migration vers le régime présidentiel.
Trois ans après son intronisation, et aidé par un tapage médiatique bien huilé ainsi que par un soutien offshore, Béji Caïd Essebsi serait sur le point de gagner son pari.