Le même poison, qui a consumé puis emporté les deux gouvernements de la Troïka (Jebali, Laariedh) et qui consiste à affronter, avec peu de marge de manœuvre et de latitude, une situation extrêmement délicate dans un contexte passionnel où l'affect règne.
A la suite des embardées violentes et des menées provocatrices des salafistes lâchés dans les rues de Tunis en 2012 puis 2013, la Troïka avait le choix entre réprimer rapidement ou pratiquer l'immobilisme.
Or, réprimer à cette époque, c'était immanquablement se faire accuser de vouloir préparer une nouvelle dictature. Et ne rien faire, c'était se faire incriminer d'entente et de collusion avec les groupes extrémistes religieux.
Le gouvernement Chahed (tout comme celui d'Essid) est en butte à la même impasse dans le dossier des revendications sociales qui se durcit de plus en plus et il n'a le choix ténu, qu'entre :
- Restaurer manu militari l'autorité bafouée de l'Etat en employant des moyens coercitifs avec le risque d'une recrudescence de la violence et donc d'une aggravation de la situation.
- Se résigner devant le fait accompli signifiant ainsi son impuissance patente à apporter une quelconque solution à une crise socio-économique d'envergure.
Ainsi, ce qui a tétanisé la Troïka et a causé sa perte, pend au nez de ce gouvernement à peine né : c'est à dire l'alternative funeste entre deux mauvais choix ou plutôt deux non-choix...
Cependant, et n'en déplaise à beaucoup, la Troïka dans son désarroi et son incapacité, pouvait faire valoir des circonstances atténuantes : une transition démocratique à ses débuts, un climat politique passionnel porté à son paroxysme, l'absence d'une constitution, etc.
Mais à sa décharge, que peut arguer, ce gouvernement d'union nationale qui évolue dans un contexte beaucoup moins conflictuel, loin de l'atmosphère politique d'il y a 4 ans et de surcroît doté de nouvelles institutions ?
Qui plus est, avec un baril de pétrole à 60 $ …