Que penser de l'interview du chef du gouvernement sur la 9 ? Dont quelques passages ont été, une heure avant sa diffusion, paraphrasés par un chroniqueur-snipper-multimédia sur une chaîne concurrente. Une véritable prouesse médiatique "Made in Tunisia"…
Pour le reste, une interview encadrée et pré-enregistrée, fleurant bon les questions téléphonées et dont les réponses avaient été soigneusement consignées. Tout cela face à un interviewer poussif et complaisant.
Heureusement que le chef du gouvernement n'était pas en direct et n'avait pas affaire à un journaliste de la trempe de Hassanine Haykel (sans équivalent chez nous). De ce point de vue, il peut être tranquille et espérer encore faire illusion pour berner l'opinion sur ses possibilités et limites.
Quant à Béji Caïd Essebsi, il ne doit pas être inquiet devant tant de suffisance. Il va même pouvoir encore dormir aisément, sûr de ne pas rejoindre le club fermé des victimes d'un parricide politique.
Ça c'est pour la forme.
Pour le fond, il n'y a rigoureusement rien à signaler…
Pas de souffle, pas de projet, pas de vision et bien entendu, pas de bilan à assumer. A force, c'est devenu la même rengaine : "on ne m'a pas laissé travailler", "c'est la faute aux autres", "je n'ai pas eu assez de temps", et on a même eu droit à l'habituel "tout ira bien l'année prochaine". Il ne nous a manqué qu'un "élisez-moi en 2019"…
Cela vaut aussi pour ses adversaires et concurrents, tous paradoxalement du même bord idéologique (si ce mot a encore un sens) que lui. Et c'est là que réside sa chance pour s'imposer. Mais tout compte fait, c'est également la malchance de la Tunisie d'avoir autant de soupirants sans idées et sans relief…