En visite à Tunis, Jean-Pierre Raffarin, l'ancien premier ministre de Jacques Chirac (2002-2005) qu'on a connu plus perspicace, s'est fendu d'une déclaration tonitruante : "la Tunisie est en train de dériver, car l’islamisme peut conquérir le pouvoir d’une manière démocratique ».
Le plus étonnant et aussi hilarant, c'est de constater que ça a donné lieu à un branle-bas de combat auprès des journalistes, grandes figures de la société civile et petits leaders d'opinion, qui exprimaient, rigoureusement, la même chose, il y a de cela quelques années (sous la Troïka).
C'était l'époque, pas si lointaine, où Ils appelaient de leurs vœux (pour ne pas dire quémandaient) l'intervention de personnalités étrangères dans notre débat politique, à la vue du moindre barbu dans les ruelles de Tunis, Bizerte, Mahdia, ou Sousse.
Désormais, convaincus de vivre un autre contexte, "grande coalition" aidant, ils peuvent s'en prendre à l'ancien premier ministre français. Lequel a eu droit, à une volée de bois vert : "mais de quoi il se mêle ? ", "pourquoi il vient chez nous pour souffler sur les braises ? ", "mais ce ne sont pas ses affaires, qu'il s'occupe de celles de son pays" !!!
Y en a même qui sont prêts à reprendre à son endroit, l'appellation cruelle de Dominique De Villepin : " Raffarien ! ", C'est dire l'animosité…
Mais force est de constater que dès lors qu'il s'agisse du "péril islamiste", cette façon de passer, en si peu de temps, d'un état de panique générale et d'angoisse collective à celui de donneur de leçon extra-lucide et de patriote chatouilleux sur les principes de souveraineté, laisse admiratif !!!