"Depuis, des années, les dépenses d’investissement comme les moyens humains et financiers de l’Etat sont sacrifiés sur l’autel des transferts sociaux alors même que ceux-ci sont loin de contribuer à la réduction des inégalités et au renforcement de la cohésion nationale" écrivait un économiste de renommée.
En lisant l’interview accordée à l'Agence de presse TAP, par le Dr. Ahmed Massoud (Directeur du FMI chargé du Moyen-Orient) on comprend mieux les vrais enjeux. Non seulement, il administre discrètement une leçon d'économie politique à toute notre classe politique (plus que jamais frappée de suffisance) toutes sensibilités confondues, mais donne aussi les clés de compréhension au débat actuel. Avec la pédagogie qui sied.
Il déclare ainsi «qu’il est temps de penser à changer la structure de la dépense publique en Tunisie, notamment la masse salariale qui représente 14% du PIB » pour expliquer que «l’impact de cette situation pourrait être l’inexistence de ressources disponibles suffisantes pour l’investissement et l’infrastructure, particulièrement dans les régions qui n’avaient pas bénéficié des investissements dans le passé doublé de l’absence de ressources suffisantes pour l'éducation et la santé ».
Il ajoute également qu’il est donc temps que "le gouvernement tunisien mène une reforme juste et équitable pour que les citoyens comprennent pourquoi et comment réformer, ce qui pourrait aider à créer un consens social, sans lequel il sera difficile d’opérer ce genre de changement". Il conclut ainsi que "la question de la masse salariale dans la fonction publique doit être discutée dans le cadre de la révision de la qualité des services publics", en précisant que "la Tunisie doit maitriser les dépenses publiques et les orienter vers l'investissement»
en une formule : "changer la structure de la dépense publique en tunisie".
Bref, on est bien loin des analyses à la petite semaine et à l'emporte-pièce de nos experts économiques et divers médias, toujours prompts à jouer les cassandre, promettant successivement la banqueroute financière, la déflagration sociale et l’avènement du jugement dernier.
Le gouvernement Chahed a une réelle opportunité pour faire avancer cette douloureuse mais nécessaire question du gel des salaires dans la fonction publique. Il peut même prévenir l'hostilité des organisations nationales en accédant à leurs desiderata : agir immédiatement sur le plan de la réforme fiscale en modifiant le régime forfaitaire (comme le demande UGTT) et sur le terrain de la lutte contre le marché parallèle (comme le demande l’UTICA).