La visite de Macron a remis en lumière les contrastes qui font le sel des relations tuniso-françaises.
Le spectacle des premiers pas du jeune représentant d'une vieille démocratie, confronté aux besoins ardents d'une jeune démocratie, incarnée par un patriarche restera dans la mémoire collective.
L'œil pétillant, le sourire en bandoulière, presque aérien dans ses habits de nouveau président de la république française, Macron est apparu comme un remarquable rhéteur pour son âge, un redoutable dialecticien aussi, son allusion au régime concordataire sous Napoléon, puis son invocation de la loi de 1905 en France et de la constitution Tunisienne de 2014 pour tenter un parallèle entre séparation de l'Église et de l’Etat ainsi qu'Islam et politique est un peu court mais audacieux.
Quand bien même il n’aurait apporté dans ses bagages que quelques protocoles d’intention à signer, il a conquis à peu près tout le monde à Tunis, par sa simplicité et surtout sa facilité à aller vers les autres. Ce qui dans un pays arabe constitue la mère de toutes les formes de courtoisie.
Déjà politicien madré en si peu de temps (quand on pense qu'en juin 2012, il est entré à l'Elysée en tant que secrétaire général adjoint pour servir Hollande et qu'il a donc entamé sa carrière politique bien après les Y. Brahim, M. Marzouk, etc.) ce qui laisse songeur tant sur les aptitudes de cet animal politique que sur les limites de notre classe politique réduite à brasser du vent depuis 3 ans.
Il a ainsi réussi à séduire tous ceux qui l’ont approché : des badauds accourus à sa rencontre dans les ruelles de la Médina (par cette visite on peut saluer son coup de pouce à notre artisanat en souffrance) jusqu'à la crème de notre société civile, laquelle, ébaubie devant tant de charisme, est d’ores et déjà prête à substituer au fameux complexe «d'ancien colonisé» celui de «néo-colonisé»…