Les élections municipales de ce dimanche, ne vont pas échapper à la règle classique des élections intermédiaires : les électeurs (pour ceux qui daigneront se déplacer) vont probablement, sanctionner le gouvernement actuel "d'union nationale".
Mais, au-delà de cet aspect qui semble anecdotique, compte tenu du désenchantement général qui a gagné tout le monde, gouvernants comme gouvernés, le plus intéressant sera de savoir, outre l'habituel taux de participation, qu'en sera-t-il des résultats obtenus par les fameuses listes indépendantes (40% des candidatures proclamées) si foisonnantes ?
Et qui, partout où elles essaiment, semblent comme autant de coalitions de personnes aux intérêts variés, incapables de parvenir à s’entendre sur un Smig politique.
C'est ainsi que cette profusion de listes indépendantes, au détriment des partis, est-elle la panacée pour accomplir le bond démocratique attendu ?
Pour administrer les diverses collectivités municipales, des plus lourdes aux plus légères, des plus complexes aux plus souples, les électeurs devront-ils faire confiance à des hommes et des femmes, capables de multiplier les listes mais pas de les unifier, n'ayant pour bagage électoral, que le fait de se parer du label d'indépendant ?
Et qui, à l'occasion de leur très mince vécu politique, se sont montrés réfractaires aux structures organisées, allergiques à toute discipline partisane, rétifs à l'action politique collective ? En un mot, incapables de gérer ne serait ce qu'une section locale d'un quelconque parti ? Deviendront-ils, soudainement et par magie, de bons administrateurs de la chose communale et de l'intérêt général ?
Aussi, devant l'opposition plus que jamais atomisée et éparse, et qui plus est, gênée aux entournures par les "indépendants", Nidaa et Ennahdha, pourtant objets de tous les rejets dans l'opinion publique, vont pouvoir dormir sur leurs lauriers.
L'autre point d'intérêt, qui sommeille pour l'instant et qui risque de ressurgir au lendemain de ces municipales, c'est le sort "médiatique" qui sera fait au mode de scrutin proportionnel.
Pour le moment, personne ne parle plus de ce "satané" mode de scrutin. Coupable de tous les maux au lendemain des législatives....mais pas au lendemain des constituantes. Tout simplement parce qu'il ne donnera pas de vainqueur (dans le sens communément admis ici qui permettrait à celui-ci de gouverner à sa guise). Ce qui a l'air d'arranger tout le monde pour ces municipales à l'issue incertaine.
Parce que si Ennahdha venait en tête (très probablement dans les nombreuses villes moyennes de 10 000 à 30 000 habitants) tout le monde gardera le silence puisque ce mode de scrutin a pour caractéristique principale d'empêcher la victoire d'un quelconque parti, de ne pas donner de majorité absolue au parti arrivé en tête et même de l'obliger à composer (pour ne pas dire se compromettre) avec ses adversaires. Et ce sera tant mieux pour les nombreux "battus"...
En revanche, si Nidaa sortait en tête (même légèrement) à l'issue de cette élection, on aura droit à une campagne de diabolisation contre le système électoral usité, qui sera plus que jamais habillé de toutes les tares possibles : incapable de donner un vainqueur, empêcheur de tourner en rond, facteur d'instabilité, vecteur de désordre, etc.
Quant à tous les autres, ils prendront leur temps pour adapter leur discours aux contingences qui sortiront de ce scrutin municipal…