Monsieur Néji Jalloul se découvre une âme bourguibiste sur le tard et multipliant les acrobaties populistes, pourvu que sa carrière politique ne se raccourcisse pas et qu’elle se prolonge jusqu’à l’apothéose dont il rêve : succéder à Essid à la tête du gouvernement, il laisse son imagination débridée le conduire là où quelques vieilleries destouriennes le gratifieraient d’une bien indulgente reconnaissance.
Sa dernière trouvaille est de consacrer la journée du six Avril dans les écoles de la République à Bourguiba, son combat, son histoire, sa légende !!!
Monsieur Jalloul était censé initier de vraies réformes dont nos écoles et lycées ont besoin, or, il appert que son urgence est d’encenser Bourguiba, de caresser dans le sens du poil la cohorte de nostalgiques et de susciter ainsi un sujet de polémique et de discorde qu’il aurait bien pu épargner aux enseignants et aux élèves.
Ce qu’il faudrait craindre et redouter au vu des connivences politiques affichées ou dissimulées, c’est la pratique d’une politique de complaisance, de révérence et de démagogie fort inopportun en période délicate de transition démocratique, or, on s’aperçoit que ce genre de collusion et de prévarication est désormais la marque de fabrique de nombreux ministres qui ne s’en cachent même pas…Dangereuse dérive!
Les flagorneurs du barnum politique tunisien nous fabriquent du jeune avec du vieux, du moderne avec de l’ancien, du Bourguiba avec du BCE, de la figure historique avec de la starlette sénile et pubarde, et pourquoi pas du progressiste avec du destourien ou du révolutionnaire avec du réactionnaire ou encore du démocrate avec de l'autocrate… prière de pas rire, pas se moquer des incontinents de la flatterie.
Bref, visiblement la société évolue bien plus vite que ces cabotins de la politique de caniveau, en retard d'une révolution, et l’on assiste clairement à un déphasage, voire à un profond hiatus, entre cette nouvelle réalité qui se dessine et le jeu de dupes, d’ombres et de marionnettes politicardes qu’on nous survend.
L’on peut se réjouir que "les martyrs de la dignité" aient échappés à ce barnum hypocrite tandis que le politiquement crasseux bavant devant le cheval du leader massimo rêve de coloscopie générale.
Il y a forcément du tragique dans cette histoire…cependant, de la manière dont elle a été révélée par les médias, indépendamment de la bonne ou de la mauvaise foi de celui-ci ou de celui-là, elle a acquis la dimension d'un vaudeville, d'une farce!!!Quand la politique exercée à la dilettante privilégie le buzz, le sensationnel au détriment d’actions et d’initiatives concrètes dont bénéficiera l’institution scolaire délabrée et en pleine déconfiture, elle perd en crédibilité ce qu'elle escompte gagner en audience!