Je ne m’étendrai pas sur les qualités morales et les vertus démocratiques de cet enseignant tunisien, dont la vocation première est l’économie et les finances et qui exerce en France, plus précisément à l’Université Pierre Mendès-France (Grenoble II).Je ne lui contesterai ni son savoir dont bénéficient ses étudiants français, ni la compétence qui est la sienne, amplement reconnue par ses pairs, ni cet humanisme débordant qui est le sien et qui le conduit à entreprendre les batailles les plus justes parce que c’est un homme droit, digne et juste, un de ces tunisiens dont la Tunisie doit être fière et qui fait honneur à son pays.
Ceux qui me connaissent et qui me lisent savent que je n’ai pas l’éloge facile, que j’ai des difficultés à maitriser le registre dithyrambique et que j’ai un embarras naturel dès qu’il s’agit de tresser des louanges à qui que ce soit ! Or, le cas qui nous interpelle, en l’occurrence celui de Monsieur Ezzeddine Ben Hamida, mérite votre attention, votre empathie, votre solidarité active et votre soutien indéfectible.
En bon patriote, en antisioniste convaincu, en personne soucieuse de l’indépendance de son pays, de sa souveraineté et de sa dignité, il a, par ses nombreuses contributions dans des journaux tunisiens, dénoncé d’une manière réfléchie, rationnelle, argumentée ce qui peut être perçu comme un interventionnisme français dans les affaires politiques et économiques de la Tunisie et pour ainsi dire, il a souvent reproché à l’ambassadeur de la France en Tunisie d’être le fer de lance de ces ingérences multiples et diverses, dont le caractère néocolonial n’échappe à aucune personne lucide !
Ces prises de position courageuses et empreintes de patriotisme, lui ont valu ces derniers temps quelque admonestation funeste émanant du recteur de Nice, réprimande et persécution dignes d’une vieille dictature africaine et qui ont été sans doute sollicitées par Monsieur l’ambassadeur, gêné par les articles de Monsieur Ben Hamida et extrêmement vindicatif à son égard !
Cela aurait été le recteur de l’université de Bamako ou de Damas, cela ne nous aurait pas étonné, et nous aurions reproché à Monsieur Ben Hamida sa naïveté voire son imprudence, mais le recteur de Nice est censé être le produit de l’école française, de la vieille démocratie française, il est censé incarner les valeurs de la révolution française si respectueuse des libertés et des droits de l’homme.
Mais il est troublant de constater que la liberté de ton de Monsieur Ben Hamida ainsi que son honnêteté intellectuelle aient effarouché le recteur au point que celui-ci exige sa comparution devant un conseil de discipline en vue de le congédier…Les lumières dont se vante la France éternelle semblent s’être éteintes dans la ville de Nice et cette atteinte odieuse à la liberté d’expression en est la preuve et la sinistre démonstration.
Incarcérer l’esprit, empêcher le libre arbitre d’exprimer son jugement, aussi sévère soit-il, intimider un être humain pour le contraindre à se taire sont autant de mesures coercitives et restrictives de la liberté que n’aurait pas reniées Pol Pot ou Pinochet, cette pression inqualifiable qu’exerce le recteur sur Monsieur Ben Hamida n’honore ni la France ni son histoire ni sa culture !
Ce qui est en outre inquiétant, c’est ce silence honteux « des pantouflards », ceux qui espèrent recevoir la bénédiction de Monsieur l’ambassadeur et profiter de sa générosité « sonnante et trébuchante ».En effet, la plupart des journaux tunisiens francophones (probablement francophiles), ont publié à titre gracieux, les articles de Monsieur Ezzeddine Ben Hamida, mais ça, c’était quand il était fréquentable, aujourd’hui, ils se gardent bien de manifester leur soutien à leur compatriote et s’emmurent dans un silence pathétique !Une compromission qui s’explique par leurs relations incestueuses avec l’ambassade et son nouveau mufti !
Au nom de notre journal, nous exprimons tout notre soutien à Monsieur Ben Hamida et nous l’assurons de notre solidarité, il est rare que nous ayons un Dreyfus Tunisien, en dépit des mortelles connivences de nos Zola à la sauvette !