Dissidence et transformisme dans la vie politique tunisienne !

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L’actualité nous fournit de nombreux exemples qui illustrent ce darwinisme politique devenu presque structurel dans la plupart des partis politiques tunisiens, y compris parmi les plus anciens et dont l’ancrage populaire ne fait pas l’ombre d’un doute.

La disparition du culte du chef aidant, la plupart des leaderships font l’objet d’une contestation de plus en plus visible et virulente ce qui conduit inévitablement à des séparations douloureuses et à des divorces tantôt discrets tantôt prolixes en critiques véhémentes et en éclaboussures impertinentes.

Ce phénomène semble faire tâche d’huile et les appels à la dissidence et à l’éparpillement, naguère absolument impensables au vu des profils staliniens de la majorité des partis politiques tunisiens, sont aujourd’hui fréquents et ne nécessitent qu’un communiqué de presse où les dissidents annoncent leur intention de quitter un parti en vue d’en créer un autre qui soit en mesure de légitimer les ambitions des lieutenants et sous-lieutenants , trop pressés d’accéder à une notoriété à laquelle fait ombrage le fondateur du parti.

Si j’ai parlé d’ « ambitions » c’est parce que les différends d’ordre idéologiques ou strictement politiques sont quantité négligeable quand bien même ils existeraient, l’observateur averti, pourra en effet remarquer, qu’en la matière, les cas sont insignifiants et isolés, comparés à la volonté de la nouvelle génération d’hommes politiques de se confectionner un parti sur mesure susceptible de leur assurer rente et gratifications, reconnaissance et prestige, accès aux médias et aux premières loges du pouvoir ou de l’opposition.

La démocratie à la tunisienne a suscité les vocations les plus absconses et a favorisé l’émergence d’une classe politique médiocre, populiste, sans vision ni programme, sans moyens ni idées, en perpétuelle quête de reconnaissance et d’audience, trop égocentrée et affectée d’une pathologie insidieuse : le narcissisme !

Ces conflits d’égos, confinant à la démesure, créent au sein des partis des tensions permanentes dont la résolution passe par la case…rupture et déménagement !

Ainsi les sigles font florès et comme les humeurs sont instables et les polémiques d’une trivialité insoutenable, voilà que monsieur le secrétaire général du parti démissionne, rassemble ses ouailles et aficionados et s’en va inaugurer sa propre chapelle, estimant qu’il a l’étoffe d’un leader et qu’il peut surnager comme un vulgaire étron dans les eaux putrides de la politique tunisienne….Manque d’humilité, dites-vous, ou plus banalement un égo qui enfle sans discernement ni perspicacité ???

Et là intervient l’illusionnisme et la prestidigitation, j’explique :

Comment fourguer au citoyen du pareil au même sans qu’il s’en rende compte !!!

Il suffit, grâce à quelques tours de passe-passe, de donner l'illusion que c'est du neuf, alors que c'est du vieux rabiboché, rafistolé, retapé, restauré, lifté, botoxé, siliconé....On change de sigle, de nom, on enrôle des rescapés issus d’horizons politiques divers, on fait endosser à quelques anonymes des responsabilités fictives sous prétexte d’ouverture sur les compétences de la société civile ....et hop, c'est pas le lapin qui sort du chapeau...c'est carrément un éléphant....et un éléphant rose !

Jadis, la dissidence était un acte de rébellion, de révolte, de rejet d’un système totalitaire et inique, elle avait sa noblesse et ses goulags, ses héros et ses boucs-émissaires ! Aujourd’hui, elle a perdu de son lustre, de son éclat et de son crédit.

Œuvre d’esprits retors, d’une cohorte d’ambitieux aux dents longues, prêtes à racler le parquet de la République ainsi que d’un bataillon d’opportunistes, une vraie légion de caméléons, enivrée par le sentiment de puissance que procure l’autorité et dépourvue de convictions, la dissidence tunisienne est en réalité du transformisme, semblable à celui que la classe politique italienne a vécu pendant presque une trentaine d’années, à l’époque de la « partitocratie ».

Ce transformisme, s’il s’accentue et se consolide, est une menace pour la démocratie elle-même car il implique en l’occurrence, des changements et des alliances imprévisibles, provoquées par des intérêts et des allégeances dont on soupçonne le caractère délictueux et qui s’opposent frontalement aux résultats des scrutins.

A terme, cela nuira à la politique elle-même et engendrera défiance, mépris et indifférence à l’égard des partis politiques, du vote, du scrutin, socle sans lequel aucune démocratie ne peut être bâtie !

Contrairement aux idées reçues, plus ça se désagrège, plus ça se disperse, moins la démocratie s’en porte bien !

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