Il n’est pas nécessaire que l’imposture soit reconnue comme telle ou qu’elle en porte les stigmates pour que nous soyons pénétrés par son air vicié et corrompu.
Non, en Tunisie, elle est devenue tellement vulgaire, tellement grossière, tellement volubile, qu’elle ne s’en cache même pas, vilaine protubérance à l’aspect nauséeux dont nos médias et leur cohorte d’experts sont les misérables colifichets.
Les naïfs et les faux candides constituent le réceptacle inoffensif de ces rhéteurs dont la vocation est d’intoxiquer les esprits et de leur imposer un discours diabolisant la démocratie, les libertés, la révolution et corrélant sournoisement ce grand bouleversement social et politique au terrorisme, à l’insécurité, à la crise économique, à la gabegie et au blocage institutionnel.
Ce dénigrement de la Révolution et de ses acquis est systématique, œuvre des vestiges de l’ancien régime, de ses médias, de ses sbires et de ses thuriféraires.
Un travail de sape qui a commencé en Janvier 2011 afin de démoraliser les Tunisiens, de les déprimer, de susciter en eux les peurs les plus irrationnelles et les haines les plus sordides.
Les moyens les plus bluffants ont été utilisés, sans aucune précaution, avec le souci constant de récupérer le pouvoir qui leur fut confisqué par ceux qu’ils considèrent avec mépris comme « les locataires », car, comprenez bien que les destouriens et leur version rcédéiste et mafieuse estiment que ce pays est le leur, qu’ils peuvent en disposer comme bon leur semble et que « cette poussière d’individus » ne doit accéder ni à la citoyenneté ni à la dignité.
Ils n’ont même pas eu la décence, à cause de leur morgue et de leur suffisance coutumières, d’avouer leurs forfaits, d’assumer leur passé de tortionnaires et de voyous et de demander pardon à ce peuple qu’ils ont dépouillé de ses richesses, de sa souveraineté, de sa citoyenneté et de ses droits.
Ce peuple si longtemps avili, asservi, ce peuple qui a osé les narguer, devait être puni, quitte à ce qu’il soit en permanence leurré, trompé, manipulé, induit en erreur, caressé dans le sens du poil, la sournoiserie consistant à l’avilir davantage en l’amenant progressivement à répudier sa révolution, à la renier parce que décrite comme source de son malaise social et de la régression savamment planifiée et exécutée par les lobbies médiatico-mafieux de l’ancien régime.
Tous les travestissements et déguisements étaient utiles pour que le citoyen, apeuré et crédule, consente à la rédemption des nervis du benalisme, des courtisans et serviteurs de l’oligarchie mafieuse, les avatars furent aussi nombreux que les enrôlements, l’essentiel est que la nouvelle « destourie » réussisse sa mue en se servant de l’étendard anti-islamiste, de la modernité factice, de l’héritage de Bourguiba, miraculeusement ressuscité par ceux-là mêmes qui l’avaient trahi et abandonné, des charognards sans scrupules et sans vergogne.
La gauche ou les forces dites progressistes se sont souvenus des vieux clivages idéologiques des années « 70 » et les vieilles rancunes ont resurgi au bénéfice des destouriens, heureux de trouver en cette gauche opportuniste et sotte un allié de circonstance, certes affaiblie par sa déroute électorale de 2011 mais nécessaire pour damer le pion aux islamistes en 2014 et concourir béatement à la reconquête du pouvoir par les rescapés du 7 Novembre.
Cette alliance inespérée, donna du crédit à Nidaa Tounès et ôta toute respectabilité à la vieille garde marxiste et nationaliste arabe, phagocytée par ses errements idéologiques et ses soliloques vindicatifs. Le sort semble avoir décoché sa flèche et elle fut assassine !
Cette gauche « cocue », indépendamment de la légitimité de ses griefs à l’encontre d’Ennahdha, a été utilisée puis évincée au profit de l’ennemi de toujours, une erreur d’appréciation exécrable dont elle ne se remettra jamais car elle a contribué au retour triomphal de la légion novembriste et de ses cerbères.
Quand les historiens, dans un siècle ou deux, se pencheront sur l’imposture tunisienne, je ne sais pas quels mots ils emploieront pour la décrire, je ne suis pas sûr qu’ils soient moins sévères que moi, je doute qu’ils soient pusillanimes ou conciliants, ils ne se déroberont pas à l’impératif de la rigueur et de l’objectivité si bien que leur jugement sera sans appel !