Certes, il n’avait pas débuté la profession dans une baraque foraine et n’avait pas acquis sa célébrité au micro d’Europe 1, mais la maturité aidant ainsi que les innombrables défis auxquels il fait face quotidiennement, il a acquis la vocation et pour ainsi dire la sainteté car, ne faut-il pas être stoïque pour déjouer tous les complots ourdis par Hafedh Caïd Essebsi et ses alliés de circonstance dont Taboubi, l’ineffable secrétaire général de l’UGTT ?
Comme le moral du Tunisien « moyen » est dans les chaussettes et que par cette canicule les nerfs sont à vif, il est recommandé de diminuer le seuil d’intolérance vis-à vis d’un gouvernement que les cassandres donnent comme moribond à cause des inimitiés qu’il a su brillamment conquérir !
Chahed s’est dit que la communication chaotique et délurée du gouvernement est probablement à l’origine de ce climat de défiance générale et que mettre du baume au cœur du Tunisien déprimé pourrait rendre celui-ci moins malheureux et plus disponible au sacrifice.
C’est ainsi qu’il s’est hasardé dans des prédictions politiques de nature à apaiser les esprits tourmentés et à susciter une vague d’optimisme si nécessaire en période pré-électorale.
Affichant une zénitude aussi soudaine qu’inquiétante, il a affirmé avec l’assurance d’un comptable éméché qui vous annonce que la faillite n’est pas pour demain, que l’année 2018 verra la fin de toutes nos difficultés économiques et financières, que nous sommes en train de dépasser avec brio le Cap Horn et qu’en dépit de nos soupçons ataviques, la Tunisie gagnera son pari et ne subira pas un sort similaire à celui des Grecs !
Les chacals et les prédateurs en sont meurtris, eux, qui étaient convaincus que le chef du gouvernement ne dépassera pas le « Cap Juillet » et qu’en mauvais matelot, il prendra un coup de barre avant de céder le gouvernail à ses ennemis.
Or, Il semble que Chahed s’est requinqué et que l’adversité l’a un tant soit peu endurci si bien qu’il ne craint plus désormais d’affronter ses rivaux et de les assommer avec ses vannes sarcastiques de jeune ecclésiaste, railleries impudiques qui révèlent les tensions inhérentes à l’existence de Hafedh Caïd Essebsi, de plus en plus isolé au sein de Nidaa Tounès et, apparemment de moins en moins influent sur le cours de l’histoire tunisienne.
Les prédictions météorologiques nous annoncent du sirocco, alors que les prédictions de Chahed nous annoncent la fin de nos déboires et le début d’une embellie…
Je ne sais pas s’il arrivait à Madame Soleil de se tromper et de s’en excuser !