Le maréchal Yassine Sissi Brahim

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Je ne le soupçonnais pas d’être aussi maladroit que cela, je le savais visiblement déprimé, probablement irrité par son éclipse presque totale du paysage politique tunisien, certainement déçu par l’arrogance de ses anciens partenaires politiques à son égard et par la jacquerie en cours au sein du parti dont il est fondateur et président , cependant, j’étais loin d’imaginer qu’il pût éprouver le besoin de se faire remarquer par des déclarations scandaleuses, déconcertantes au sujet du dictateur égyptien, Abdelfatah Sissi.

Monsieur Yassine Brahim, turlupin inconsistant, insignifiant, mais un tant soit peu vaniteux et imbu de sa petite personne, ne cesse de multiplier ces derniers temps les apparitions médiatiques fougueuses, impétueuses, orageuses, houleuses, bien qu’il soit un marin d’eau douce, pourvu que le buzz réussisse là où son projet politique a lamentablement échoué.

Il commença d’abord par jouer la vieille partition nahdhaouie, pratiquant le rituel du bashing inauguré par Nidaa en 2013 avec assiduité, euphorie, démesure, entrain, fustigeant le parti islamiste, vouant aux gémonies ses dirigeants fanatiques et moyenâgeux, rompant une alliance politique qu’il avait scellée avec ce parti à l’issue des élections législatives de 2014, quand il considérait qu’Ennahdha était un partenaire indispensable pour former la coalition gouvernementale et que le gouvernement n’avait aucune chance de survie sans l’implication directe et effective des nahdhaouis.

Ensuite, il s’orienta vers une alliance avec Mohsen Marzouk et entama sa guerre larvée contre Youssef Chahed, menaçant de retirer ses ministres du gouvernement, invectivant l’action gouvernementale et reniant tous les accords qu’il avait conclus précédemment.

Il fut désavoué par les siens, ses propres ministres, qui décidèrent de geler leurs activités au sein du parti Afek et de conserver leurs portefeuilles ministériels respectifs.

Une déconvenue qu’il eut du mal à supporter et qui eut le mérite de révéler l’inconsistance de son leadership au sein d’un parti où de nombreuses voix s’élevèrent pour contester ses choix intempestifs et rigoureusement incohérents.

Enfin, quand il s’aperçut que toutes ses gesticulations pathétiques suscitaient beaucoup plus le rire et les sarcasmes qu’un réel engouement pour sa personne, il se dit qu’une interview où il ferait l’éloge d’un tyran sanguinaire et abject comme Abdelfatah Sissi le rendrait plus sympathique et désirable aux yeux des nostalgiques des despotes et de leurs sinistres affidés.

Avec son inélégance coutumière et son bagou de concierge congédié pour cause de saouleries perpétuelles, l’ouistiti en rut, prétendit avec l’ingénuité de la vierge Marie et le cynisme d’un castor affamé, que l’Egypte était bien gouverné, que son économie réalisait d’excellentes performances, que la démocratie en Egypte n’était pas une vue de l’esprit, une illusion, mais une pratique consolidée dont était témoin un ami à lui, président d’un parti représenté au parlement.

Vous imaginez bien le tollé que de tels propos irresponsables ont soulevé auprès de l’opinion publique tunisienne, hormis les quatre pelés et les cinq tondus qui soutiennent mordicus qu’un bain de sang en Tunisie est nécessaire pour restaurer la dictature et qui rêvent d’un tyran aussi viril et odieux que Sissi , peut-être un peu moins bouffon et ridicule…quand même !

Je ne sais pas ce qu’en pensent ses amis de Afek, cette espèce de club Med érigé en parti, mais je suppose que s’ils avaient un soupçon de dignité, de sensibilité, en dépit de leurs mondanités sulfureuses et de leurs accointances émiraties, ils seraient très embarrassés par les amours délirantes et suspectes de leur leader et lui conseilleraient, vivement, une cure de désintoxication politique dans quelque monastère bouddhiste, un sain ermitage propice au recueillement et à la prière, car il est indéniable que son hystérie actuelle ne peut le conduire que vers d’étranges abysses !

Sauvons le soldat Yassine Brahim, c’est un acte de salubrité publique !

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