La défaite de l’école publique, le triomphe des imbéciles !

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Triste de constater que l’école primaire soit devenue le lieu privilégié de querelles idéologiques qui concernent davantage les enseignants et les parents que les élèves.

Triste de constater que ministère, syndicat et partis politiques, au lieu de jouer la carte de l’apaisement, ont choisi, par opportunisme et par désinvolture , la confrontation et l’affrontement politique, une dégénérescence dont les retombées risquent de disloquer l’école publique et de précipiter sa déchéance au moment même où elle s’enlise dans une crise profonde résultant du manque de discernement des uns et de la précarisation extrême d’un système éducatif sciemment appauvri par Ben Ali au profit de l’enseignement privé.

L’amertume est d’autant plus grande que les différents intervenants dans cette affaire ont fait preuve d’une légèreté insoutenable, manquant ainsi au respect absolu de la neutralité de l’école et impliquant de jeunes écoliers dans un débat qui n’est pas le leur et dans une polémique qui va accroitre en eux la méfiance à l’égard d’une école devenue, soudain, le misérable exutoire de haines imbéciles et de diatribes idéologiques incongrues voire exaspérantes.

Tout le monde est à blâmer dans cette farce sinistre et répugnante : les parents, qui, par leur conduite, ont instauré un climat hostile envers l’institutrice, l’institutrice elle-même, Madame Faïza Souissi, qui, sans doute, grisée par cette notoriété éphémère, a commis l’indélicatesse, en dépit de son statut d’éducatrice, de multiplier les apparitions radiophoniques et télévisées afin de stigmatiser les choix vestimentaires et le conservatisme d’un bonne proportion de la population locale, transformant ainsi un incident regrettable et qui aurait pu être vite circonscrit, en bataille idéologique contre un obscurantisme beaucoup plus fantasmé que réel.

Le buzz qu’elle a su susciter au départ, sous le prétexte bien suspect d’une soi-disant modernité dont elle serait l’égérie, s’est vite retourné contre elle, alimentant de plus en plus la suspicion de ceux qui voyaient, lucidement, en ce carnaval médiatique, une mauvaise foi prononcée d’une institutrice se muant progressivement en instrument idéologique létal, et savourant son triomphe d’une manière mesquine et provocatrice.

L’affaire est maintenant entre les mains de la justice et celle-ci, à moins d’une sentence salomonique, devra faire preuve de doigté pour que le jugement qu’elle prononcera ne provoque pas des remous et une grogne populaire difficilement contrôlables.

Le ministre ainsi que le syndicat auraient pu trouver les solutions les moins extrêmes et les moins fâcheuses pour soustraire l’école à ce conflit et procéder à un arbitrage qui ne soit ni intéressé ni favorable à une version et hostile à l’autre.

Or, ils ont fait un choix qui va s’avérer par la suite hâtif et irréfléchi.

Personnellement, j'ai une très longue carrière d'enseignant et je me suis toujours abstenu d'exprimer une opinion politique en classe ou de tenir un discours qui ait un caractère propagandiste ou qui révèle un a priori idéologique quelconque.

Je suis de ceux qui estiment qu'un cours, de quelque nature qu'il soit, n’est ni une séance de prosélytisme ni l'occasion d'embrigader des jeunes et de les enrôler dans un régiment.

Je me contente de former des esprits, de les armer d'une culture si puissante qu'ils sauront plus tard choisir ce qui leur convient, en toute autonomie et sans subir un quelconque conditionnement.

Un enseignant est un éclaireur, un transmetteur de valeurs et de savoir, un éducateur….s'il se mue en idéologue, il doit changer de métier.

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