Avocate de formation, chroniqueuse à ses heures perdues, réputée pour sa hargne et sa pugnacité dès lors qu’il s’agit de dépecer la vieille troïka, ses avatars, ses voisins de palier, sa descendance et son ascendance « islamiste », elle fut grâce à son fiel percutant et à ses commérages au vitriol parmi les égéries de Caïd Essebsi en qui elle voyait le Messie, le sauveur de la patrie, celui qui devait conduire au bûcher la « horde islamiteuse » et ses avortons !
Son ardeur était telle qu’on se disait que tant de passion méritait récompense et qu’il serait éminemment vexant voire inélégant de ne pas lui trouver chaussure à son pied, alors que d’autres, moins en vue que la Jeanne d’Arc ont été désignés à des postes de responsabilité malgré leur incompétence avérée.
Béji Caïd Essebsi n’allait quand même pas se montrer ingrat envers ce colifichet ambulant de l’onanisme intellectuel et des haines recuites d’autant plus que la dame commençait à montrer des signes évidents d’impatience et qu’elle devenait de plus en plus hostile envers son mentor et son entourage ???
Son irascibilité coutumière augmentait au fur et à mesure que l’offense se muait en trahison et que le mépris auquel elle se sentait exposée prenait des allures cyniques ! Maya ne saurait trop souffrir ce dédain qui aurait fait vaciller le trône des Incas !
Alerté par ses proches collaborateurs, Monsieur le Président décida d’apaiser sa colère, conscient qu’il était, qu’un farfadet irrité était aussi dangereux qu’une elfe noire !
Il réunit en conclave tous les druides de Carthage car il ne savait pas quoi faire de ce mauvais génie impertinent, le conseil sacerdotal lui proposa de la nommer à la direction de l’acquisition des livres au sein du ministère de la culture où elle pourra palabrer avec les écrivains et les éditeurs et octroyer une part de marché non négligeable à ses nombreux amis bohèmes et poètes tout en discréditant les œuvres qu’elle jugera inadaptées à ses affinités idéologiques !
On lui murmura à l’oreille qu’elle était favorable aux autodafés et aux rites sacrificiels et que sous son règne maléfique certaines littératures scélérates seront bannies !!!
« Avocate, chroniqueuse, croquemitaine…peu importe, l’essentiel c’est qu’elle ait sa récompense ! » s’écrièrent en chœur les druides, agacés par le scepticisme du nonagénaire.
Le Président apeuré par les violentes diatribes de la vierge effarouchée et par ses cris d’orfraie céda en marmonnant que cela n’offusquerait point les Tunisiens si peu friands de livres et si insensibles à la littérature et à ses arcanes !
Au pays des allégeances et du népotisme, le charlatan est roi !