Les barons, les fanfarons et les moutons !!!

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Ce n’est guère le titre d’une fable de Jean De La Fontaine dont j’aurais la lâche prétention de pasticher le contenu, quand bien même il l’aurait écrite s’il avait eu l’insouciante imprudence de vivre parmi nous, heureusement que le sort lui a épargné pareille mésaventure !

Non, je m’applique à suivre la montée en régime de quelques zélés bonimenteurs dans leur quête d’une notoriété indue, celle dont se prévalent les bureaucrates médiocres et incompétents, délégués et gouverneurs anonymes, qui, un coup d’éclat par-ci, un coup de glotte par-là, dignement relayés par les buzzeurs de Facebook et les crédules de toujours , deviennent les héros d’un Etat dont, semble-t-il, autorité et prestige ont été mis à mal par la vénérable Révolution.

Ainsi en est-il du gouverneur de Nabeul, qui, à peine nommé et fort discrètement, hormis quelques médias présents pour immortaliser la scène, est allé malmener un tout petit fonctionnaire, certes négligemment habillée, mais qui a eu la délicatesse d’écouter religieusement les remontrances de son supérieur, sans se laisser distraire par les micros et les caméras et sans se montrer impertinent quant à l’embonpoint visiblement inélégant de son chef .

En dépit de la bave saignante de l’homoncule enragé, des postillons qu’il recevait en pleine tronche, du brouhaha des majorettes accompagnant le suzerain en goguette, il sut garder son calme, admit avec dignité son rôle de comparse dans ce mauvais vaudeville teinté de mauve et n’eut pas l’audace de lui administrer une raclée, assortie de quelques gros jurons , question de vérifier si cet accès de virilité n’était pas feint…La hiérarchie est sauve…et le prestige de l’Etat ne fut pas écorné !

Quelques jours plus tard, le délégué de Sidi Hassine eut l’infortune de tomber sur une petite fonctionnaire aux allures d’une vraie vipère, le pauvre diable, eut droit à une correction publique dûment filmée par les vizirs de la dame, afin que la supercherie du harcèlement sexuel soit avalée comme une douce couleuvre par les chalands du buzz à tue-tête !

Or, la dame en question n’était pas de la haute, ce qui éveilla les soupçons des Tunisiens BCBG qui reniflèrent rapidement le coup fourré et condamnèrent sans réserve les turpitudes de la zouave en haillons…elle leur rappela sans doute « la révolution de la brouette » et toutes les goujateries qui en découlèrent…si bien que ce soupçon de délégué, si pleutre et si falot, eut droit à l’empathie de la Tunisie apprêtée, affligée par le coup de massue reçu par le prestige de l’Etat, à peine requinqué par l’illustre gouverneur de Nabeul….

La peine fut exemplaire, trop exemplaire, excessivement exemplaire, cinq ans et demi de prison pour avoir tabassé un délégué, alors que celui qui prit le crâne de Mehdi Mabrouk, à l’époque des faits ministre de la culture, pour un poêle à frire, pourrait bien se voir attribuer la légion d’honneur ! Oserais-je imaginer ce qu’il adviendrait du premier escogriffe qui aurait l’outrecuidante câlinerie de s’en prendre à un ministre !!! Ce ne sera pas le célébrissime « casse-toi pauvre con ! » mais la peine de mort, la guillotine !!!

L’apothéose nous fut servie par le gouverneur de Tunis, désormais surnommé « Le Eliot Ness » de la rue des Salines. Droit dans ses bottes, les boutons de manchette Cartier astiqués, les effets de manche du même acabit, la moustache résolument lisse, il exécuta une opération coup de poing fulgurante, avec l’appui logistique de la grosse et moyenne artillerie, en vue de déloger de ces quartier mal famés la pègre des cigarettes de contrebande, pas les gros requins, les barons, mais le menu fretin qui s’occupe de la distribution et du service après-vente, engeance bien connue de la maréchaussée qui recrute la plupart de ses délateurs auprès de cette petite et moyenne délinquance.

Le butin de cette opération retentissante, comparable à une razzia sur la chnouf, est bien maigre, mais ça a l’air de revigorer le prestige de l’Etat, bien que, j’aie pu acheter mon Marlboro « algérien » sans constater auprès du jeune commerçant une quelconque frousse, il a sans doute compris que c’était de la frime policière, un coup d’épée dans l’eau, du show pour séduire les panurgiens !

Et Jemna dans tout cela, tu n’en parles pas mon gus ??? Trop sérieux comme histoire pour que j’y mette mon grain de sel et comme je n’ai pas envie de changer de registre….Mais quelle déculottée !!!

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