De l’esprit florentin à « En attendant Godot »

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On se réunit aujourd’hui à Carthage, soit pour décréter officiellement le décès du gouvernement Chahed et annoncer la date des funérailles soit pour rabibocher les relations orageuses entre les diverses composantes de cette coalition brinquebalante et reporter pour plus tard les obsèques, probablement quand l’UGTT décidera de sonner le tocsin.

Les échecs récurrents du gouvernement Chahed ne sont pas imputables uniquement à son inexpérience politique, même si son caractère dissipé, son effacement au profit de Béji Caïd Essebsi et sa docilité ont été de sérieux arguments pour son affaiblissement et l’amenuisement progressif de son autorité, souvent, trop souvent ébranlée par ses alliés, notamment l’UGTT ainsi que son propre parti politique, Nidaa, dont le soutien mitigé et équivoque au chef du gouvernement se traduit par des cabales incessantes et des compromis douteux.

La levée de boucliers syndicale et le ton menaçant de Taboubi n’ont fait qu’accroitre la suspicion sur la capacité de Chahed à tenir le gouvernail et à maintenir le cap dans ces eaux troubles et agitées, infestées par des prédateurs sans vergogne, pour la plupart issus des rangs de l’ancien régime et dont les actes de sabotage se multiplient au gré de leurs fantaisies et selon les dangers qui les guettent , si d’aventure la lutte contre la corruption ne ménage plus les grandes baronnies, jusque là épargnées par l’indulgence coupable du gouvernement.

En mauvais timonier, Chahed s’est comporté en marin d’eau douce, naviguant à vue, subordonnant son action gouvernementale aux humeurs de Carthage et aux intrigues du palais savamment orchestrées par les conseillers du Président, dépourvus certes de raffinement intellectuel mais habiles magouilleurs, opportunistes, des nervis dissimulant avec un art consommé de la duplicité leurs trahisons.

Face à un Chahed timoré et manquant de punch et d’audace, ces flibustiers, fourbes, manipulateurs et dont la vocation première est le mensonge, se sont acharnés à le rapetisser, à l’aplatir, à neutraliser toute velléité d’indépendance pouvant naitre en lui au point de le torpiller immanquablement par leurs déclarations sibyllines mettant l’accent sur ses maladresses et son immaturité.

Incapables de vivre dans un environnement démocratique, peu propice à leurs flagorneries d’escrocs patentés et de bandits dévergondés, « les milices mauves » ont instauré un climat délétère, pré-insurrectionnel, en engageant par milliers de sinistres survivants de la racaille rcédéiste non seulement en vue des élections municipales mais afin de contribuer par leurs complots à l’affaissement de l’Etat, ce qui rendrait possible l’hypothèse d’un putsch et le besoin d’un homme fort, autoritaire, dont la légitimité sera confortée par la nécessité de sauver le pays d’un désastre de plus en plus imminent.

Ce n’est point de la politique-fiction, même si ça en a l’air, mais l’émergence suspecte de l’actuel ministre de l’intérieur, son hostilité envers Chahed, sa rivalité supposée avec ce dernier ainsi que toute cette médiatisation indue de l’œuvre extrêmement modeste de Lotfi Brahem, homme dont le passé politique est aussi vierge que la Sainte Marie, nous rappellent des épisodes anciens dont les principaux protagonistes sont encore aujourd’hui à la tête de lobbies influents.

Ce n’est pas le sort de Chahed qui risque d’être scellé aujourd’hui mais le sort de la démocratie…Soyons attentifs et vigilants !

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