Il est rare que je tire deux fois sur la même ambulance, néanmoins, quand on m’invite à ruer dans les brancards, j’y mets toute ma bonne volonté, pourvu que le citoyen tunisien ne soit pas grugé par plus malin que lui…
Monsieur Mohsen Marzouk a passé hier sa journée à palabrer sur ses affaires siciliennes, il fut d’abord l’invité de Midi show sur les ondes de Mosaïque FM avant d’être reçu par Madame Belkadhi en début de soirée dans les studios de El Hiwar Ettounsi.
Cette activité débordante s’explique par les graves soupçons qui pèsent sur lui à l’issue de son voyage en Sicile à la tête d’une délégation d’hommes d’affaires tunisiens et libyens, visite ponctuée par l’acquisition d’une entreprise produisant les pâtes « Tomasello » et de deux unités hôtelières sises à Palerme et à Sciacca.(Voir ce lien)
Au cours de ces deux interviews, Monsieur Marzouk prétendit que ces allégations sont dénuées de tout fondement, qu’elles sont l’œuvre de quelques jaloux aigris par ses succès fulgurants dans la sphère politique et auprès, probablement, de la gent féminine, et que son voyage en Sicile avait des objectifs politiques précis dont notamment la consolidation des relations économiques entre la Région Sicile et la Tunisie et le renforcement de la coopération de manière à attirer des investissements siciliens en Tunisie.
Malgré son bagou, ses effets de manche et la très grande mansuétude des deux journalistes qui l’ont interviewé, Monsieur Marzouk ne réussit point à convaincre les Tunisiens car les faits sont têtus, les preuves irréfragables et l’objet de sa visite en Sicile largement commenté par les journaux de l’île si chère à Garibaldi et à Don Vito Corleone.
Il eut été plus intelligent de dire la vérité et d’avouer son penchant pour les affaires et pour l’argent, personne n’oserait incriminer le Ténébreux d’être extrêmement porté sur le luxe, le lucre et le pognon, à fortiori quand on est un tant soit peu curieux et que l’on s’intéresse à son parcours politique marqué par des étapes où il ne se signala pas par son idéalisme outrancier et son attachement à la vertu, bien au contraire, son itinéraire nous décrit une personne ambitieuse, affamée de pouvoir, dévorée par sa passion insatiable pour les ors du pouvoir et ses arcanes.
Nonobstant toutes les preuves qui le crucifient, Marzouk eut droit à la bienveillante complicité de deux journalistes dont la tâche consistait à le réhabiliter auprès de l’opinion publique et à le laver de tout soupçon.
La blanchisserie "Fehri/Belkadhi" œuvra d'arrache-pied pour relancer la carrière tunisienne de l'investisseur sicilien, et la dame Belkadhi pratiqua l'art de l'omerta et ne chercha pas à poser des questions gênantes à son interlocuteur, tout comme son alter ego Boubaker Ben Akacha, dont les questions fades et lisses trahissaient sa connivence avec son illustre hôte.
Cette farce journalistique, l’énième pantalonnade d’un mauvais vaudeville, jette le discrédit sur les journalistes tunisiens, sur leur honnêteté intellectuelle ainsi que sur leur indépendance.
Les nombreuses collusions entre les médias, les hommes politiques et les lobbies économiques, ces relations incestueuses et consanguines révèlent la mise sous tutelle des médias et leur prédisposition à servir de caisse de résonance à quelques personnalités politiques sponsorisées soit par des lobbies financiers locaux soit par des chancelleries étrangères.
Le bon peuple exposé aux manipulations les plus grotesques et les plus loufoques est de moins en moins dupe !