Madame Samira Merai Friâa est « ministresse » de la femme, comme, les médias ne parlent pas assez d’elle et qu’elle se sent marginalisée au sein d’une équipe gouvernementale machiste et misogyne, elle a décidé au prix d’un triple salto arrière périlleux de créer le buzz et de susciter une polémique dont le pays n’avait vraiment pas besoin !
De tous les sujets dont Madame Merai aurait dû s’occuper avec quelque audace et dont l’urgence est unanimement invoquée, la ministre a décidé de s’en prendre aux écoles coraniques et bien mal lui en a pris !
Personne n’est contre l’application de la réglementation en vigueur et le renforcement des contrôles afin que les jardins d’enfants dont la plupart sont hors-la-loi, anarchiques et ne respectent pas le cahier des charges relatif à leur profession qu’ils exercent parfois dans une espèce de clandestinité autorisant tous les abus en matière d’hygiène et d’éducation, afin que ces jardins d’enfants et crèches disais-je, soient sanctionnés et fermés en cas de non-conformité aux normes établies par le cahier des charges.
Si le discours de Madame Merai avait eu ce caractère répressif vis-à-vis de tous les contrevenants, il n’aurait pas engendré cette controverse, il aurait été encouragé et appuyé pour que cesse une situation ubuesque où prévaut gabegie à outrance et corruption souvent tue.
Or, elle a eu l’outrecuidante bêtise de surfer sur ce qui fait polémique, gratuitement, sans que personne ne sollicite une telle fermeté absconse envers les écoles coraniques que des dizaines de générations de tunisiens ont fréquenté sans pour autant devenir des jihadistes crapuleux ou des terroristes en devenir !
Il appert donc, que cet acharnement s’affuble d’un caractère idéologique et d’un a priori identique à tous les conflits identitaires qui ont été fomentés depuis la Révolution et dont l’amplification avec des arguments risibles et grotesques risque d’accentuer les divergences et de diviser davantage un pays tourmenté par une crise économique et sociale dont l’issue très incertaine concourt régulièrement à l’apparition de vagues de contestation de plus en plus violentes.
Je ne sais pas si Madame Merai a eu l’occasion de voyager et de s’inspirer d’expériences particulièrement réussies dans des pays où les réglementations sont appliquées avec sévérité, j’en doute, car en Europe et ailleurs, existe des écoles catholiques, talmudiques, coraniques et probablement bouddhiques où on enseigne aux enfants, outre aux disciplines traditionnelles, les préceptes de la religion qui est la leur ou celle de leurs parents.
A ma connaissance, ni en Italie, ni en France, ni en Angleterre, les laïcs et assimilés n’ont crié au scandale et n’ont exigé la fermeture de telles écoles, car rappelons-le, la laïcité n’est ni un dogme, ni une idéologie ni un courant antireligieux, elle consiste principalement en une séparation entre le pouvoir public et le religieux et ce afin de garantir l’impartialité et la neutralité de l’Etat à l’égard des confessions religieuses.
Madame la ministre, nous n’avons pas besoin de nouvelles secousses telluriques, nous en avons eu suffisamment qui ont occasionné lacérations et déchirures irrémédiables, disputes invraisemblables et cacophonie inaudible parce que oiseuse et inutile.
Occupez-vous des abus, des jardins d’enfants anarchiques, veillez à ce que tout le monde, sans exception, respecte votre cahier des charges, renforcez vos équipes de contrôle et assurez-vous qu’elles soient intègres et qu’elles ne soient pas corruptibles, c’est déjà un bon début et un engagement envers notre enfance qui doit rester à l’abri du zèle arbitraire et des préjugés confusément discriminatoires des adultes.