Communiqué des syndicats des forces de l’ordre : dérive et dérapage !

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Depuis la chute de la dictature de Ben Ali et jusqu’aux derniers actes terroristes odieux et criminels qui ont frappé indistinctement forces de l’ordre, militaires et population civile, les syndicats des forces de l’ordre, nés et constitués après la révolution se font remarquer par leurs revendications corporatistes outrancières et excessives et par leur attitude agressive envers l’Etat et ses institutions.

Sous la dictature, les forces de l’ordre étaient instrumentalisées par le régime, c’était cet appareil répressif tant honni et craint par les Tunisiens, dont la violence et la vénalité étaient les stigmates d’un système mafieux fondé sur les pratiques malsaines d’une oligarchie voyou et immorale.

A cette époque-là, ils étaient muselés comme la plupart des citoyens tunisiens et leur docilité consistait en une application rigoureuse des instructions qu’ils recevaient de la smala du dictateur et dont les finalités étaient d’asservir le citoyen et de l’humilier par le truchement de moyens répressifs vulgaires, obscènes et d’une rare cruauté.

Les forces de l’ordre étaient les sbires du despote, ses chiens de garde, ses tortionnaires chargés des sales besognes dont notamment celle de mater le peuple afin qu’il ne s’insurge pas contre cette meute de criminels qui gouvernaient le pays.

On s’est dit, après la révolution, que leur conversion en forces de l’ordre républicaines allait être une tâche délicate et que ce corps, certes indispensable pour la sécurité des citoyens, était infecté et terriblement infesté par des vices dont la propagation rendait presque impossible la guérison, quand bien même celle-ci serait souhaitable.

Ils furent parmi les premiers à profiter du « printemps tunisien », s’organisant en divers syndicats, s’investissant dans les débats politiques, s’exprimant librement sur de sujets qui ne sont pas de leur compétence, donnant avec zèle et malice un avis sur tout, multipliant les pressions pour recevoir augmentations salariales et promotions, bref, eux qui étaient réduits au silence et à une misère avilissante sous Ben Ali, devinrent bavards, arrogants, insolents et souvent rebelles et insoumis !

Cette mentalité prédatrice et opportuniste a caractérisé toutes les corporations, elle fut encouragée par tous les syndicats qui avaient conscience qu’un Etat faible était une proie facile, incapable dans une situation de transition chaotique de se montrer ferme et intransigeant.

Cette faiblesse s’explique aussi par l’entrée en jeu de lobbies mafieux qui contrôlaient un pan entier des forces de l’ordre et les orientaient vers un surcroit de rébellion dans le but de contraindre l’Etat, désemparé et vulnérable, à céder son autorité au bénéfice de la voyoucratie benalienne.

C’est ainsi que ces syndicats des forces de l’ordre se servirent du terrorisme et des pertes en vie humaines qu’il a engendrées pour exiger que l’Etat leur accorde droits et privilèges qui, de fait, ne garantissent pas leur protection, mais les autorisent à revenir d’une manière légale aux excès qui étaient les leurs avant la révolution et aux abus qu’ils pratiquaient en toute impunité sous la dictature.

En d’autres termes, intimider l’Etat et ses institutions, exercer sur eux un chantage vil et indécent en vue de renouer avec les méthodes brutales et fascistes qu’ils maitrisaient si bien sous la tyrannie.

C’est en ce sens que la démocratie et la liberté les dérangent, parce qu’elles les empêchent de « triturer » du citoyen, d’agir sans être inquiétés en dehors des lois républicaines et en dehors de ces contraintes constitutionnelles qu’ils abhorrent tant parce qu’elles les privent du droit « d’user et d’abuser de la matraque ».

Ce projet de loi, quand on parcourt ses vingt articles, est purement fasciste, policier, exécrable, Ben Ali n'aurait pas eu l'audace de le promulguer, c'est un projet de loi digne d'un régime nazi.

Fermez le ban.

Commentaires - تعليقات
Faouzi Zaghbib
11/04/2017 12:30
Profitant de la faiblesse de l'état, des pourris, des anciens bourreaux, certains médias complices et des politiques en mal de représentativité poussent vers une dictature policière. Malheureusement, après avoir établis des syndicats policiers, investi/infesté les médias, tenté l'insurrection à maintes reprises et même le coup d'état, de forces, supposées républicaines, tentent l'impunité par texte de loi. Faut-il que chaque corporation (juges, avocats, médecins, ingénieurs, fonctionnaires, ....) ait sa propre loi la protégeant ? Et qu'en est-il de la constit, supposée garantir nos droits contre tout risque d'abus ?