Contrairement aux mafieux repentis, Imed Trabelsi ne dit pas tout, il ne dit presque rien, il se contente d’allusions ponctuées de digressions afin de banaliser le phénomène mafieux où de l’inscrire dans un contexte général de déliquescence morale propice à tous les abus.
Il révèle furtivement ce que l’on sait déjà mais, en dépit de ses dissimulations, de ses feintes, de ses dribbles…il ne déroute personne et le peu qu’il ose dire avec la frimousse du chien battu qui cherche à séduire la foule naïve et candide, à attendrir quelques soubrettes en mal de sensations fortes, à susciter quelque empathie chez ceux dont « le pardon est facile », suffit à le clouer au pilori et à jeter l’opprobre sur l’œuvre criminelle d’un régime mafieux dont il a été l’un des symboles !
Il aura dit le 1millionième de ce qu'il a fait et de ce qu'il sait, il aura cherché à présenter les faits les plus abjects comme des faits coutumiers, anodins, une "normalitude " sous le règne d'un président mafieux, d'un État vénal et d'un système pourri et infesté par la corruption, le népotisme, les passe-droits et la concussion.
Mais le peu qu'il a osé avouer, suffit, pour mettre sous les verrous ministres, hauts fonctionnaires, petits fonctionnaires, hommes d'affaires, magistrats véreux, courtiers véreux, banquiers véreux, douaniers véreux, journalistes véreux, avocats véreux....Parmi les quelques noms qu'il a cités ou suggérés, certains occupent aujourd'hui des fonctions importantes ou sont influents dans leurs domaines respectifs, je ne pense pas qu'ils aient la dignité de démissionner, car dans ce pays de Cocagne, plus tu es sale, plus tu es sollicité, plus tu es encensé....
Ce qui doit nous déranger, ce qui est honteux, c’est que tous ces escrocs et margoulins continuent à sévir avec la même insolence et la même arrogance, c’est qu’ils bénéficient d’une protection au plus haut niveau au sein de l’Etat et qu’ils continuent à opérer en toute impunité, preuve s’il en est, que les lobbies mafieux et leurs ramifications (douanes, police, administration, banques, médias) contrôlent l’Etat et tous ses rouages !
Si ce gangstérisme se propage et se répand, c’est parce que cette république de bananes n’a pas la volonté d’endiguer ce fléau et que sa mollesse s’explique par les nombreuses collusions entre la sphère mafieuse et la sphère politique, connivences de moins en moins secrètes, de plus en plus babillardes et démonstratives, dont personne ne suspecte un démantèlement rapide à fortiori quand le Président de la République insiste pour faire passer sa « loi de réconciliation économique », prouvant ainsi qu’il existe une volonté politique d’exonérer les mafieux de leurs crimes et délits !
Ces accointances délictueuses ne sont ni épisodiques ni accidentelles, ce n’est pas un pur hasard, elles illustrent le maintien de l’Etat sous le joug d’une criminalité obscène et indécente, omniprésente, métastasée, à moins que l’Etat ne soit devenu lui-même une entité criminelle, dont nous soupçonnons très bien le fonctionnement et la portée !
Ceux qui aujourd’hui semblent indifférents à cette machination diabolique, qui sont d’une prudence poltronne alors qu’intrigues et manigances se multiplient, qui assistent impuissants à l’effondrement de l’Etat…Sont-ils conscients que leur silence est aussi sinistre que ces misérables agapes dont se rend coupable une oligarchie mafieuse pleine de morgue et de suffisance ? Comment vont-ils expliquer cela à leurs enfants ? Quels prétextes vont-ils inventer pour justifier leur lâcheté alors que l’Etat se désintègre sous les coups de boutoir d’une meute de rapaces affamés et féroces ???
Vos enfants et vos petits-enfants vous mépriseront, vous maudiront, vous vomiront !!! Redoutez leur colère, redoutez leur mépris !