Pourtant je n’avais pas l’envie de commenter la dernière dégradation de la note souveraine à B3 (-) imputée à la gestion macro-économique en Tunisie (Gouvernement et Banque Centrale) puisque c’est malencontreusement devenu un ‘’fait divers’’. Cependant, ce qui attire l’attention est la relecture, voire la traduction in extenso du rapport publié par Moody’s, faite par certains intervenants dans les médias sans une analyse véritablement critique de la situation macro-économique du pays ni du rapport lui-même.
Et même, le rapport de Moody’s est présenté comme une ‘’référence’’ et une’’ feuille de route’’ par quelques-uns, bien qu’il soit à contenu presqu’évident ; évident car il renvoie la dégradation aux difficultés rencontrées par les autorités quant à la Gestion du Risque de remboursement de la dette qui, elles-mêmes (les difficultés), sont dues au retard des réformes nécessaires, lequel retard a essentiellement pour origine selon le rapport les frictions politiques. Et d’ajouter que le ‘’défaut de reprise des négociations avec le FMI’’ a conditionné la notation !
Toutefois, le défaut des négociations ne devrait pas être pris pour une source de dégradation de la note souveraine, à moins que les autres pistes à recommander pour renverser la vapeur, à savoir :
(1) un Assainissement macro-économique, |
(2) une Stratégie d’endettement sous les conditions de la soutenabilité, |
(3) un Régime de change approprié, |
(4) une Politique Monétaire Innovante, |
(5) une Réforme de l’Industrie Bancaire, |
(6) une Politique de relance économique, |
(7) un arrêt de l’hémorragie de fuite des capitaux qui pèse lourd sur l’endettement de LT initié majoritairement sous l’ancien régime et arrivé à maturité actuellement …, soient (ces pistes) omises ou négligées par le rapport au profit de l’évolution du paysage politique actuel. |
Or, les pistes (1-7) auraient dû être empruntées depuis 2015, date du début de la non-soutenabilité de la dette publique, ou aussi depuis 2016 sous Youssef Chahed qui a eu suffisamment de temps et de support politique pour ce faire et dont les réformes sus-indiquées ont manifestement fait défaut.
Par ailleurs, le rapport de Moody’s ainsi que ceux des agences de notation, aggravent la situation par leur rôle procyclique en faisant corréler les prévisions à la conjoncture sans en isoler la composante tendancielle ni se baser sur de longues séries (Ferri et Stiglitz (1999).
Ceci va sans dire qu’à l’encontre de la réaction d'Obama (S&P-2011) et Sarkozy (Moody’s-2012) exprimant leurs réserves face à la dégradation, ni le Gouvernement ni la BCT n’ont réagi officiellement à ce rapport accablant que ce soit par des explications ou des mesures effectives pour que ce ne se produise plus.