Comparé à de nombreux produits dont la demande est insuffisamment sensible au prix, le tabac est excessivement taxé par rapport au coût de sa production, C'est le cas dans presque tous les pays. Cependant, certains responsables politiques justifient cette taxe par des considérations de santé publique alors qu’elle constitue également une source de revenus stables pour l’État.
Deux remarques s'imposent :
1- Certaines études - disponibles sur le net - publiées par des experts en santé publique, concluent que la taxe sur le tabac a entraîné une augmentation de la proportion de « fumeurs malades » ayant arrêté de fumer. Techniquement, nombre de ces études, entachées d'insuffisances car peu conclusives, risquent d'être prises pour un discours de propagande politique visant à augmenter les impôts.
2- Venons-en au cas de pays dont les institutions sont peu efficientes et extractives (au sens d'Acemoglu), comme la Tunisie :
A priori, lorsque la taxe sur le tabac dépasse un certain seuil, cela va stimuler le développement de circuits informels qui échappent par définition à l'État. Il est donc peu probable que les recettes fiscales attendues se matérialisent. Les activités informelles du tabac se développent, dans ce contexte d’institutions inefficientes, à mesure que la prime de risque diminue. En effet, la prime de risque évolue en raison inverse du prix dans le secteur officiel dont le coût est toujours supérieur à celui du secteur informel (imitation, sans coût de contrôle-qualité, coût d'investissement initial trop faible, etc.).
Ainsi, plus le prix homologué est gonflé par la taxe indirecte, plus le prix informel s’éloigne de son coût, et donc plus il vaudra la peine de s’engager dans la commercialisation illicite du tabac, car la prime de risque devient moindre.
Aussi, plus la marge dans le secteur informel est élevée (compte tenu des couts faibles), et il suffirait de vendre à un prix légèrement inférieur à celui homologué, plus il serait possible d'impliquer d'autres intermédiaires et personnes corruptibles.
Cette concurrence par les coûts entre le public et l'informel, qui ne donne lieu à aucune innovation en raison du faible degré d'hétérogénéité, finit généralement en faveur du secteur informel qui est -ici- plus compétitif ; ce qui amène à conclure que l’augmentation de la taxe sur le tabac serait plus captée par des activités illicites et ne garantirait donc pas la totalité de l’augmentation attendue des recettes fiscales.