À chaque fois que je travaille sur un thème, le cas tunisien me vient à l’esprit avec le même état d’âme suscitant des questionnements autour de la manière de gérer l’économie sans données statistiques.
Comment les finances publiques sont gérées sans aucune mesure du stimulus fiscal? sans identification de l’ajustement cyclique du solde budgétaire? sans repère quantitatif de soutenabilité de la dette publique? sans identification “précise” de propagation des chocs? sans aucune interaction avec les mesures prises par la BCT?
Comment le budget de l’Etat et par la suite la loi de finances sont conçus si notre connaissance sur les prévisions de la croissance, de l’inflation et du taux de change est depuis longtemps approximative, voire arbitraire?
Comment le décideur arrive-t-il en Tunisie à réaliser l‘un des objectifs majeurs de la politique budgétaire à savoir la stabilisation (lissage) des dépenses et recettes face aux fluctuations qu’elles subissent? Comment arrive-t-il alors à ancrer les anticipations et minimiser l’incertitude? Comment pourrait-il évaluer l’efficacité de sa manœuvre si des indicateurs statistiques de performance ne sont toujours pas annoncés, voire construits?
Pourquoi notre connaissance à la mise en œuvre de la réforme fiscale est négligeable? C’est quoi: “cette mesure vise à contribuer à l’équité fiscale” et “à l’implémentation de la réforme fiscale” (une phrase qu’on trouve souvent arbitrairement dans les LF), alors que cette réforme -indépendamment de sa pertinence- a été initiée en 2008 et reprise en 2013, et je crois qu’elle est devenue caduque.
Qui l’a bloquée et pourquoi piétine-t-elle depuis plus de 23 ans? Les arguments avancés portent sur “le gradualisme” de sa mise en œuvre. Cependant, je ne crois pas à ces propos car “le gradualisme” suppose des conditions techniques et institutionnelles qui n’ont jamais été annoncées; et de toutes les façons le gradualisme n’est pas éternel!
Par ailleurs, si explication il y a, elle serait entre autres du côté :
(1) Des méthodes traditionnelles adoptées, mais aussi,
(2) des groupes de pression qui résistent à tout changement menaçant leurs positions initiales (de rentiers), aux divers niveaux d’une hiérarchie (informellement établie) dont le critère est le poids relatif du pouvoir de négociation détenu par chaque partie. C’est ce qu’enseigne l’Economie Politique.