1. La Dette publique est une réponse ‘’naturelle’’ à un déficit public. Tant qu’elle est dans les limites de la soutenabilité des finances publiques, tant qu’elle se présente comme une opportunité. Cependant, elle devient un fardeau de plus en plus pesant que son utilisation n’est pas rentable.
2. Quand les flux de dette extérieure proviennent des institutions financières internationales, il est quasiment impossible qu’elle soit objet de malversation ou de corruption dans le sens large du terme. Même quand elle est allouée à financer des projets de développement, les mécanismes existants ne permettent pas des malversations car le créancier (BM, BERD, BAD, ...) y est institutionnellement impliqué.
3. Pour les flux de dette sous forme d’appui budgétaire, d’assistance macro-financière ou de dépôt de court terme auprès de la BCT, les marges de manœuvre de corruption sont quasiment nulles pour les raisons ci-dessus. Généralement, ils sont utilisés pour renforcer la balance des paiements et élargir les marges de manœuvre de la politique de change, mais le gros du lot est utilisé pour le remboursement de la dette extérieure et pour subvenir aux opérations d’importation.
4. Confondre Corruption et Captation de Rente « légale » d’une part, et Corruption et dette odieuse auprès des banques locales d’ autre part, pour procéder à un « Audit complet de la dette extérieure » impliquant aussi bien le débiteur que le créancier, est une fausse cause et une manœuvre inutile.
Ses méfaits l’emporteraient sur ses bienfaits escomptés. La corruption indiquée dans « La Révolution inachevée » de la BM-2014, dont la contribution de plusieurs universitaires tunisiens était nette, n’était pas aussi fulgurante que les mécanismes de la captation de la rente et les trafics d’influence instaurés sous le régime de l’époque, dont le rôle s'était réduit au renforcement de la même clef de répartition de la rente en contrepartie du renforcement du régime qui, à son tour, assurait la "stabilité" en cadençant le pays…
Enfin, si « la lutte contre la Corruption » était réellement une composante emblématique de la l’actuelle gouvernance, il serait plus urgent de décortiquer l’actuel système de captation de la rente y compris les textes de loi qui en privilégient et couvrent les principaux acteurs, et créer des institutions efficaces et indépendantes mettant cette volonté à l’épreuve.