(I) Du point de vue de Sociologie Politique :
- L'État profond (EP), ou pouvoir parallèle, ou pouvoir secret, ou administration parallèle, ou État dans l’État (…), est généralement pris pour un réseau de gens faisant partie des institutions de l’État (Administrations, Entreprises Publiques, Dispositifs sécuritaire et Diplomatique,) et dont les activités ne sont pas visibles et l’organisation est hiérarchisée parallèlement à la hiérarchie de l’État.
- De ce point de vue, l’Etat profond est constitué de groupes situés au sein de l'appareil de l'État, exploitant : (1) les défauts et déficiences organisationnelles officielles, et (2) l'écart entre le pouvoir et l'autorité. Ces groups s'organisent alors autour de leurs intérêts, (1) Économiques, ou (2) Personnels, ou (3) Idéologiques, ou autres, via (1) le pouvoir et (2) la marge de manœuvre dont ils disposent.
- L'Etat profond a la capacité réelle d’influencer (1) les décisions officielles, (2) les réformes officielles, et (3) la distribution de la rente sociale. Il devient aussi dynamique que ses intérêts sont menacés, et violent quand sa survie est menacée.
(II) Du point de vue Économique :
- L’« approche institutionnelle » fondée sur « l'école historique allemande », fournit des outils d'analyse assez importants pour comprendre les mécanismes de la recherche de la rente par l'acquisition de tout ou partie de l'État (State Captation).
- Les demandeurs de rente cherchent un revenu non-justifié par le travail en puisant dans l'Etat profond (règlementation, activation, accélération, facilitation, ou alternativement : obstruction des procédures de l'action judiciaire et financière de l'Etat). Dans ce cas, la bureaucratie s'avère être un levier incontournable du statuquo de la rente.
- La rente s'obtient en arrivant au pouvoir à travers un candidat précis qui bénéficie d’un soutien. Ce dernier rend l’ascenseur à celui qui l'a soutenu pour accéder au pouvoir.
- Pendant les transitions, l'Etat profond maitrise mieux l'Etat et donc il verrouille le système économique avec ou sans l'entente de la nouvelle classe politique qui en devient, en cas de défaut de capacité institutionnelle ou pour des considérations électorales, tributaire, c’est-à-dire, captée.
- Plus l'État officiel est plus fort financièrement, juridiquement et intellectuellement que l'Etat profond, et plus il est performant dans ses réformes économiques. En fait, une grande partie de la résistance au changement et aux réformes nécessaires revient à l'Etat profond.
- Enfin, l’étendue de l'Etat profond s’étend aux franges capitalistes mondiales. De nombreux États sont devenus en partie représentatifs des intérêts économiques mondiaux autour de l'Etat profond.