Pré-moderne, car selon la correspondance entre idéologie (non-science) et état de la conscience collective observée à travers l’histoire, toute société a sa propre idéologie qui a pour rôle de camoufler l’essence de la réalité et permet à l’Etat, qui est sa représentation officielle, de reproduire le statu quo de la règle de répartition de la rente.
Ainsi, au moyen âge, les gens donnaient une partie de leurs récoltes aux seigneurs sous forme de rente, pour se contenter en contre-partie de la bénédiction de l’Eglise. Ceci n’est plus possible de nos jours. De même, Hitler sommait les hommes de sciences allemands de montrer que le crane germanique est supérieur à celui d’ailleurs. Le Roi Hassen II avait construit la plus grande mosquée du monde alors qu’en ce moment bon nombre de marocains crevaient la dalle.
Saddam opprimait les Kurdes au nom de l’unité du pays. Le Président argentin, alors Général de l’armée, déclenchait la guerre au début des années 80 contre la marine puissante de Thatcher au nom du patriotisme, alors que le peuple s’apprêtait à une révolte de la faim contre les politiques économiques locales..
Face à la tendance de plus en plus marquante de la généralisation de la conscience des générations de leurs conditions matérielles, et grâce à la disponibilité de l’information et aux effets synergiques qu’elle occasionne, il est devenu de plus en plus difficile aux Politiques de convaincre les gens par le même type d’Idéologie que jadis.
Ainsi, leur discours économique dans les pays les plus avancés technologiquement tendent à être plutôt factuel, plutôt rationnel, chiffré et démonstratif, mais aussi diversifié. L’idéologie réside dans l’aspect sacré de leurs intérêts, de la marchandise et des objectifs stratégiques.
Plus généralement, l’idéologie comble le déficit de la raison (des désaliénés), camoufle l’échec, mystifie les conflits d’intérêt et justifie l’injustifiable. Elle prend alors plusieurs formes dans le discours politique concernant la chose publique, quand :
1. les verbes sont conjugués au futur sans aucun socle démonstratif : ‘’la relance économique et les équilibres auront lieu d’ici 2020’’. ‘’Le plan quinquennal 2016-20’’ va créer des centaines de milliers d’emploi et va développer les régions et éradiquera la pauvreté,…’’
2. les concepts sont modifiés, aplatis, vidés de leur contenus et concrétisés dans des manœuvres à perspective réduite : ‘’pour le développement régional, nous avons affecté X-MDT et une banque régionale’’, et d’ajouter ‘’c’est pour réaliser les objectifs de la révolution’’,
3. les verbes sont conjugués au conditionnel : ‘’Si nous n’avions pas relevé le taux de directeur, la situation aurait été pire, et l’inflation aurait été à deux chiffres’’ ! Ça été dit aussi en 2013 par l’ex-gouverneur de la BC en répondant à la question : ‘’pourquoi avez-vous rabaissé le taux directeur à deux reprises alors que la nécessité n’était pas évidente ? Il a répondu : ‘’ si nous n’avions pas fait ça, le système bancaire se serait effondré’’. Ce type de propos ne peut être justifié que par la non-science qui gagnait les esprits au moyen âge,
4. le discours monopolise la sagesse et le savoir, mais aussi décrit la société à travers le poste que l’on occupe, et non le contraire, à cause de l’idéologie aliénante comme pendant l’ère de la décadence du 11è siècle où l’on disait : ‘’il n’y a pas de mieux que ce qui a été fait’’. Ainsi, nous avons assisté à des propos comme : ‘’ces réformes sont nécessaires, et nul ne pourrait avancer des alternatives’’. Ou aussi, ‘’la BC a fait le nécessaire et c’est aux tunisiens de travailler dur et au gouvernement de suivre l'exemple…’’
5. Enfin, certains responsables politiques, ainsi que les prédateurs potentiels de la rente ou ceux dans leur orbite, interviennent quand ils devaient se taire, et se taisent quand ils devraient intervenir…