Deux amis qui se reconnaîtront, ont fait un parcours exceptionnel en Mathématiques dans des écoles prestigieuses françaises. Amoureux de ce domaine très sélectif, ils avaient poursuivi leurs recherches. Le jour de la soutenance de thèse de l’un d’eux, l’autre était présent.
Après une période, je me suis aventuré en lui demandant « sur quel domaine des mathématiques a-t-il travaillé ?». Rigoureux comme je le connais, et en comprenant que je m’étais interrogé sur la question précise de la thèse, sa réponse était : « exactement, je ne sais pas, mais grosso modo, il a ... !».
Alors jeune, j’ai appris depuis qu’à un certain degré d’approfondissement et de spécialisation dans un domaine où un autre, les autres champs de savoir deviennent des trous noirs. Si on y accède, on se perd.
A titre de curiosité, j’ai dernièrement investi du temps dans les méthodes statistiques et les modèles appliqués par les épidémiologistes du point de vue de mon champ de spécialisation. (Robertson (2019), offre une excellente synthèse de la littérature).
Outre le fait que c’est passionnant au plan de la modélisation mathématique, j’ai appris entre autres que :
1- Ce n’est pas un simple traitement de séries statistiques par les méthodes ou processus standards et en dehors d’hypothèses relevant spécifiquement du domaine de l'épidémiologie. C'est comme pour les phénomènes économiques, le traitement des séries statistiques sans théorie économique approprié n’a aucun sens, car il ne permet pas d’aller loin.
2- Un travail d'équipe chapeauté par un épidémiologiste, sociologue, géographe, économiste-quantitativiste ou statisticien, serait bénéfique pendant la crise pour améliorer les prévisions.
3- Ce ne sont pas tous les médecins qui puissent en parler au-delà d'un certain seuil d'approfondissement. Ceux qui s’aventurent pour s’y impliquer, ils diront n’importe quoi et induiront les gens en erreur.
4. Delà à laisser un chirurgiens esthéticien investir l'espace médiatique accompagné d'un p'tit animateur-télé faisant déshonneur au journalisme dans un contexte de crise de santé et de déprime collective, cela ne pourrait être soupçonné que de charlatanisme institutionnalisé, Ô combien la Tunisie en a souffert.
5. Si les économistes tunisiens ont été chassés par les intrus 10 ans durant, il ne faudrait pas que les épidémiologistes tunisiens se taisent et ne condamnent pas ce vandalisme intellectuel sur fond de corruption très vraisemblable.