Depuis des siècles, les soutenances faisaient l’objet d’annonces publiques. Auparavant, les soutenances des thèses tunisiennes étaient affichées dans les universités voisines indiquant un événement. Ceci semble curieux quand l’auteur de la Thèse et les Jurys discutent des problèmes à ‘’forte intensité de connaissances’’ et des méthodes complexes sous l’œil ‘’vigilant’’ d’un auditoire pouvant ne pas en avoir qualité.
Le contenu de ces échanges aurait occasionné des milliers d’heures-travail, des synergies, concentration et effort, parfois nécessitant la négation de soi, l’encrassement, l’isolement et la privation.
Ceci est simplement pour surmonter délibérément des difficultés intellectuelles, dictées par l’évolution des conditions sociales d’existence, dont l’appréciation à sa juste valeur n’est possible que par des spécialistes du domaine… La récompense en est non seulement la restitution de soi, jusque-là potentiellement aliéné, mais aussi le passage à un nouveau pallier de réalisation de son humanisme-sagesse (au sens d’Avicenne) lui permettant de jouer un rôle initiateur dans les interactions réciproques définissant la société (au sens de Marx).
De ce point de vue, le Scientifique ne peut pas laisser passer les incohérences et les absurdités dans la société puisqu'il est par construction un acteur initiateur et non seulement contemplateur. Ceci serait, bien entendu, envisagé si son processus cognitif n’était pas entaché de lacunes ou d’embûches, sinon le risque de démériter serait au pied de l’édifice (du progrès social).
Et toute réforme de l'enseignement ne prenant pas en compte ce risque serait inutile car non nécessaire. Le scientifique ne pourrait pas dans ce cas jouer son rôle originel de témoin oculaire de son temps présent s’il n’en a pas les qualités scientifiques requises.
L’appel au grand public à assister à des soutenances de thèses est nécessaire pour au moins une raison fondamentale, à savoir qu’il n’y a pas de Science en dehors de la Société. Pour toute science n’étant pas socialement validée, son détenteur n’aura pas accompli son parcours de recherche et demeurera en dehors de la société.
Galilée (comme Averroès face aux théologiens non-éclairés de son époque) savait que l’Eglise allait le condamner à cause de ses résultats scientifiques innovateurs par rapport à la ‘’Science Officielle de l’Etat’’ entachée d’idéologie–non-Science, mais il a préféré faire témoigner la société de ses propos car c’était nécessaire au sens Hégélien.
L’Histoire lui a rendu justice et l’ère de la modernité fut entamée. La synoptique du caractère nécessairement public des thèses est une avancée socialement établie, faisant gagner du terrain contre l’hégémonie de l’idéologie, comme contenu de l’aliénation sociale.
Tous mes souhaits à nos étudiants-chercheurs d'achever leurs thèses/mémoires et les soutenir publiquement aussitôt…