(I) Considérations capitales à retenir :
- Ce n’est pas toute la population tunisienne qui a adhéré réellement aux slogans du 14 janvier et à l’opportunité du changement offerte; ni administration, ni partis politiques, ni corps de métiers, ni intellectuels, à quelques exceptions près.
-L’Elite intellectuelle, moteur de la conduite du changement partout dans le monde, était et est en retrait voire démissionnaire, ce qui ne permet pas d’y inclure ni les universitaires, ni les artistes, ni des médias, sauf quelques exceptions très vite intimidées.
-L’économie en 2010 était confrontée à ses propres limites dues entre autres à la domestication des voix savantes essentiellement de l’université, et au poids grandissant des mêmes capteurs de rente et leur contrat socio-politique avec l’Etat.
- La classe politique, sensée être candidate potentielle pour diriger la transition, s’est trompée de mission en privilégiant sa survie à celle de la transition, après avoir changé le sens de l’histoire du « bas-en-haut » vers « du-haut-en-bas ». Vraisemblablement, elle était infiltrée par le capital et a été cooptée pour jouer le rôle du valet de ferme.
- Ceux qui ont joué le « free rider », que ce soit parmi les universitaires, juristes, comptables, société civile, et même politiques ne sont pas crédibles. D’ailleurs, il y a à boire et à manger dans les centaines d’interventions publiques, orales et écrites sur des thèmes d’importance capitale, ayant été banalisés et aplatis.
C’est pour cela que leur évaluation péjorative ou élogieuse est à éliminer. Plus encore, les centres et unités de recherche ont joué un rôle marginal face à des questions nationales (Droit, Économie, Sciences Po.) mal traitées.
Rappelons que certains labos de recherche se sont transformés des années durant en une plateforme de propagandes à certains politiciens et aux hauts responsables de l’État pour donner « des conférences » insatisfaisantes en substance, voire nulle en économie devant des spécialistes en Économie.
Ce qui est amusant et curieux à la fois est que certains de ces derniers ne cachaient pas leurs « exploits ». Par ailleurs, certains autres n’ont pas raté l’occasion d’accoster des groupes de pression pour leur offrir des consultations à la carte, rémunérés moyennant quelques sous.
- Certes, la performance politique est Perception, cependant, la prise en compte de la datation des circonstances est fondamentale dans l’évaluation. Ceux qui disent que la dernière décennie n’était pas si catastrophique que ça, que si elle était catastrophique, c’est qu’elle était l’œuvre seulement de l’État Profond, ou que c’était l’œuvre d’une incompétence accablante, ou que c’était juste une gestion du risque de retour à la case-départ, ou tout autre aspect unidimensionnel provenant de lectures partielles, ces justifications ne sont pas acceptables.
(II) Conditions méthodologiques de l’évaluation :
- En l’absence d’objectifs ciblés et mesurables permettant d’apprécier l’écart avec les réalisations, certaines alternatives sont envisageables : (1) le benchmark international, (2) ce qui aurait été possible à réaliser mais qui a été raté, (3) une « théorie du changement »(…)
- Prise en compte de la nature de l’environnement (favorable, défavorable), il serait convenable de décomposer l’évaluation en :
(1) effort fourni et qualité des mesures et actions entreprises par les parties prenantes,
(2) quantité et qualité des résultats et puis procéder à un croisement entre (parties prenante, actions entreprises, résultats)
(…) Nous y reviendrons…