On a beau dire que la Tunisie devrait, (1) chercher à établir un dialogue entre parties prenantes pour dépasser la crise. (2) réduire le déficit public par (i) le financement bilatéral, (ii) reprendre les négociations avec le FMI pour un financement multilatéral, (iii) élargir l'assiette fiscale, (iv) préparer un programme clair, et (3) mettre en œuvre des réformes.
En ces termes, ceci est devenu depuis des mois un propos partagé presque par tout le monde. Cependant, il demeurerait muet et sans portée opérationnelle utile à la crise courante, sinon paraphrastique et sans contribution si,
(1) on n’identifiait pas avec précision
(I) les parties prenantes et leurs fonction-objectifs respectives qui sont a priori deux à deux opposées (FMI Vs. UGTT Vs. UTICA Vs. État Vs. Partis Politiques.), en donnant le type de l’outcome attendu, sans s’étaler sur des digressions telles que procédurales ou celles liées aux principes moraux de ‘’courage’’, de ‘’patriotisme’’ ou ‘’d’altruisme’’, ce qui relèverait d’autres champs ;
(II) les règles de jeux institutionnelles devant être inclusives, et
(III) les objectifs d’une part et les mesures d’autre part, objet du dialogue.
(2) On ne plaçait pas explicitement la question du déficit public dans la problématique de sa ‘’soutenabilité’’, déterminée -quant à elle- par les données spécifiques tunisiennes au vu du défaut d’une théorie générale en la matière.
En fait, la gestion de la crise des finances publiques se situe dans le futur et pas dans le passé, ni d’ailleurs dans le présent conjoncturel. Mieux encore, évoquer l’élargissement de l’assiette fiscale et la préparation de ‘’programmes clairs’’ sans en donner un contenu opérationnel et actuel avec l’impact attendu, serait du simple verbiage.
(3) ‘’les reformes’’ étaient évoquées sans en indiquer avec précision et dans un cadre cohérent :
(I) le contenu,
(II) la nature de la mise en œuvre, séquentielle ou subite, et les couts occasionnés dans chaque cas,
(III) le séquencement (sequencing) et les parties qui sont en charge de la mise en œuvre,
(IV) le rythme, la profondeur et l’étendue,
et (V) les risques et la nature de la résistance à leur encontre.