Les mécanismes redistributifs volontaristes jouent un rôle très important dans la solidarité et la stabilité sociales, ainsi que dans le combat contre la pauvreté. Ils répondent en fait aux dysfonctionnements du marché et ses anomalies, ainsi qu’à la portée limitée des mécanismes officielles de couverture sociale et de politique publique de l’Etat même s’il était riche. Les exemples dans le monde sont très nombreux.
– Quelle est la part de ceux qui n'ont aucune couverture sociale en Tunisie ? (Les chiffres officiels ne sont pas précis, mais il suffit d'avoir une idée non-irréaliste sur la taille du secteur informel incluant des travailleurs sans sécurité sociale, ni pension de retraite ni assurance-maladie, sans évoquer les sans-abris et les exclus du système, tous privés de l’accès au financement et à la dignité.
– Ceci est au niveau statique. Le problème devient plus défiant quand il s’agit d’une vision intergénérationnelle. Les pauvres et les illettrés font hériter de la pauvreté et l'ignorance, et les privilégiés des privilèges.
– Appelé ‘’Fonds de Zakat’’, ‘’Fondation sociale’’, ‘’Compte-citoyen’’, ‘’fonds social’’, …, peu importe l’appellation quand le problème est objectivement posé et les conditions de gouvernance en sont respectées. Mais, quand on le fait correctement, on n’en a probablement rien à perdre.
Mais quand on ne le fait pas du tout, on en aura certainement raté l’opportunité. Le système bancaire britannique, quand il était parmi les premiers en Europe à avoir adopté la Finance Islamique pour faire face à la thésaurisation et réduire l’écart entre l’épargne et l’investissement, je ne crois pas que la Chariâ en était le leitmotiv. Même si c'était le cas, le marché s’en fout.
– Certes, cette semaine la proposition était faite dans un contexte défavorable :
(1) de corruption, prise pour un phénomène généralisé, où politiciens, administratifs et hommes d’affaires sont impliqués,
(2) une Elite intellectuelle toujours timide,
(3) de tiraillements politiques de bas niveau, mais aussi de
(4) préparation insuffisante de la proposition de loi par ses auteurs. Ceci a mené à une résolution purement politicienne sans que des alternatives édifiantes soient avancées.