Pour Prendre l'Egypte, qui entame actuellement un chantier de réformes, comme exemple et dire que le régime de flottement de la Livre adopté depuis 2016 a vraiment réussi, il faudrait être sûr que ses effets étaient positifs sur :
• la stabilité du taux de change,
• la soutenabilité des réserves de change,
• la stabilité des effets inflationnistes importés,
• les influx de capitaux financiers de portefeuille et directs,
• la stabilité du déficit extérieur et l’absorption des distorsions à cause de l’équilibre du TCRE ! Sinon, ce serait, comme parfois, de la spéculation intellectuelle.
Cependant, puisque ce cadre ne permet pas d’être exhaustif, deux éléments seulement, limitant la portée de cette conclusion hâtive, pourraient être mentionnés :
1- Les effets positifs observés sur les réserves de change en Egypte (5.5 mois d’M (2016) à 5.7 (2017)) pourraient avoir lieu indépendamment du régime de flottement, pour :
- le support d’aides étrangères multiples y compris les $12 milliard de prêt-FMI, à part l'appui budgétaire-BM et de l'UE, ainsi que les dépôts de nombre de pays exportateur de pétrole,
- les nouveaux revenus du champ de Gaz, « Zohr » découvert en 2015 et mis en exploitation en 2017, avec une convention de vente israélienne $15 milliard (voir Art IV, FMI),
- la levée (presque totale) des subventions des carburants ayant consolidé les réserves pour le pays, encore importateur net de produits énergétiques. (Nb : l’augmentation des prix des carburants successivement de (18% et 31%), et de l’électricité (41% et 42%), de l’eau (+50%) et des transports publics (100% pour le métro, +50% pour le bus), outre la TVA de 14%.
Mais, les salaires n’ont augmenté que de 12,8% (public) et 8,4% (privé) : des effets inflationnistes immédiats sans mécanismes de redistribution pour la classe moyenne,
- l’accroissement des transferts extérieurs nets dû aussi bien à la dépréciation de la Livre qu’à la politique de localisation de l’emploi entamée dans certains pays du Golfe, surtout en KSA (2.9 millions de travailleurs égyptiens). Cette source d’augmentation des réserves auraient pu être réalisée par l’alignement du taux de change officiel à celui parallèle (comme en Algérie au milieu des années 2000).
Mais, on ne sait pas si c’était dû à la dépréciation accompagnant le flottement, ou aux politiques d’emploi restrictif adoptées ailleurs.
2. les équilibres
(1) Nul ne montre que le taux de change réel effectif a atteint son équilibre stable, puisque par définition il est variable,
(2) macroéconomiques : ils ne sont pas au beau fixe:
- Le taux de change réel effectif a baissé de 26.6% en 2017 !!
- La dépression de la Livre/$ de 100% a fait augmenter la dette publique de 6% du PIB !!!
- Le déficit commercial a grimpé de 9.7% à 11.2% du PIB en 2017.
- Le déficit public est toujours élevé (12.5% en 2016 et 10.9% en 2017).
- La dette publique a atteint des pics : 103% en 2017 et 93% du PIB en 2018 (sachant que le service de 2018 est de $12billions).
- La croissance économique n’a pas augmenté (4.3% en 2016, 4.2% en 2017, et prévision de 4.8% en 2018).
- Le taux de chômage est presque le même depuis 2014 : toujours autour de 12.7 en 2016 et 12.1% en 2017, avec des prévisions de 11.2% en 2018.
L'Egypte n'est pas notre exemple!