L’Égypte et la Jordanie reçoivent annuellement des aides américaines de 1,5 et 1,6 milliard de dollars respectivement, depuis l’accord de Camp David en 1978 et l'accord de paix avec l'entité sioniste en 1994.
Représentant environ 1,8 % du budget de l’État égyptien, cette aide constitue près de 12 % du budget jordanien, ce qui est substantiel!
L’expérience internationale semble ne pas permettre de trancher quant à la nature des effets de l’aide étrangère sur la croissance et l’emploi dans les pays en voie de développement. En effet, ces deux pays (Égypte et Jordanie) continuent de faire face à des risques de trappe de pauvreté et de fragilité monétaire. En 1978, 25 % de la population égyptienne vivait en deçà du seuil de pauvreté, un taux qui a grimpé pour atteindre environ 30 % en 2021 (BM).
Quant à la Jordanie, son régime de change, ancrant le dinar au dollar américain et l’ouverture de son compte-capital, l’obligent toujours à accumuler des réserves de change (dépôts des partenaires régionaux, prix préférentiels des carburants...) pour des fins de stabilisation et de contrôle de l’inflation importée. Le pays demeure en état d’alerte pour éviter des crises bancaires et monétaires…
L’énorme accumulation d’aides étrangères dont ces deux pays ont bénéficié semble n’avoir eu qu’un impact très limité, voire avoir renforcé leur dépendance, et réduire leur capacité de négociations géostratégiques.
Les travaux empiriques ont tenté d’expliquer ce faible impact de l’aide étrangère dans certains pays en développement, à travers les mécanismes sous-jacents suivants :
(1) Une affectation à des secteurs peu stratégiques pour le développement.
(2) Un coût d’opportunité nul, ne générant aucune incitation à maximiser son efficacité.
(3) La gouvernance des pays bénéficiaires, permettant l’émergence de niches de corruption et de détournement de fonds.
(*): Nb, J. Sachs (2015) ainsi que Buchanan et Tullock (2017) proposent des extensions intéressantes sur le thème de l’aide étrangère et le développement.