L'histoire de Bourguiba, écrite par lui-même, enseignée sous son règne à plusieurs générations, est celle -pour beaucoup- (1) des dépenses publiques de santé et d'éducation, et (2) de certaines positions diplomatiques au niveau international qui ont suscité des réactions politiques controversées.
Au-delà de cette lecture partielle car non exhaustive, et partiale car quelque peu passionnée, l'histoire de la "lutte de libération" nationale, qui n'a malheureusement pas été suivie par la "lutte pour la liberté", alors que les conditions en étaient presque réunies, a poussé les Tunisiens à filer l'alternance au pouvoir du bout des doigts lors du congrès du parti (début des années 70's), institutionnalisant ainsi l'autocratie, qui - celle-ci - ne peut se mouvoir que dans un contexte social (1) propice au populisme, et (2) dont la conscience collective a été façonnée, par le système éducatif et législatif, à cet effet, ainsi que (3) de contrainte infranchissable d'une aussi inéquitable qu'opaque clé de répartition de la rente sociale.
Par ailleurs, cette histoire est devenue depuis un certain temps un "fonds de commerce" de propagande politique de bas étage, profitant de la crise d’un Leadership faisant défaut ; une propagande adoptée aussi – par procuration, consciemment ou inconsciemment - par des individus.
De plus, c'était une époque qui ne reviendrait jamais. En abuser en la citant partout, pour un oui ou pour un non, finira par en faire un vide intellectuel et peut-être spirituel qui donne curieusement à Bourguiba l'image d'un dieu sur terre, dans l'esprit de certains, dans une société en transition inévitable à la citoyenneté.
Enfin, les enjeux actuels sont évidemment si différents de ceux des années 1956 et suivantes, les générations ne sont absolument pas les mêmes ainsi que le monde, la littérature, le Droit, l'Economie, la Sociologie, la Géopolitique, . ., autant de facteurs objectifs - sauf si ce n'était par nostalgie- rendent le référentiel des années 60-2000 nécessairement (au sens hégélien) obsolète.
"Nous ne sommes pas les contemporains historiques de notre temps présent. Nous n'en sommes que les contemporains philosophiques". K. Marx.