Les effets de la baisse de l’utilisation des chèques sur le PIB

Un ami m’a récemment posé la question des effets de la baisse de l’utilisation des chèques sur le PIB. Ma réponse fut la suivante : "Bien que les effets soient plutôt défavorables au moins dans le court terme, je ne sais pas en évaluer l’ampleur."

En effet, il est théoriquement impossible d’isoler avec précision les effets des variables monétaires de celles réelles en raison de l’enchevêtrement entre elles, à moins de recourir à des hypothèses simplificatrices qui aplatissent la réalité complexe.

Je crois que la meilleure réponse serait probablement fausse, car trop approximative.

Il serait d'abord nécessaire de disposer de données fiables sur:

(1) La part des paiements par chèque dans l’ensemble des moyens de paiement.

(2) La part des transactions par chèque qui seraient éventuellement compensées par d'autres moyens de paiement effectifs (transactions électroniques, traites, lettres de crédit, billets à ordre, espèces, crédits fournisseurs, etc.).

(3) La part des dépenses de consommation des ménages et des investissements des producteurs dans la demande globale effectuées par chèques.

Toutes ces données devraient ensuite être extraites de la part des chèques dans le PIB tunisien pendant la période considérée.

Une fois ces informations recueillies, plusieurs méthodes pourraient être envisagées :

(1) Calculer le multiplicateur de la monnaie à travers des équations de comportement et d’équilibre des agrégats monétaires et réels, et évaluer l’effet d’une variation de X% de la masse monétaire sur Y% de variation du PIB.

Cependant, cette approche serait très réductrice, car elle suppose le ceteris paribus.

(2) Calculer la variation du PIB due à la variation des transactions par chèque = part des chèques dans le PIB x élasticité de la demande par rapport à la variation des chèques.

Cette méthode est aussi très approximative, car il n'existe pas de données officielles sur l’élasticité, et son calcul repose sur de nombreuses simplifications.

(3) Enfin, on pourrait se baser sur la relation comptable (ex-post) qui lie la valeur des transactions à la masse monétaire utilisée dans ces transactions : M.V = P.Q. Ici, la baisse nette de la masse monétaire M (en %) causée par la réduction de l’utilisation des moyens de paiement (dont les chèques) aurait un effet négatif sur les prix (P), en raison de la baisse de la demande, et donc de la production (Q), mais aussi sur la vitesse de circulation de la monnaie (V). À cet égard, dQ/Q = dM/M + dV/V - dP/P.

Cela veut dire que l’effet net de la baisse de l’utilisation des chèques sur le PIB réel serait affecté non seulement par la variation de la vitesse de circulation de la monnaie mais aussi par la variation des prix conséquentes.

Enfin, bien que la baisse de l’utilisation des chèques :

(1) Entraîne des coûts de transaction additionnels,

(2) freine l’activité dans certains secteurs,

(3) stimule l’expansion des activités informelles,

(4) menace l’inclusion financière, et

(5) déplace les contentieux de la banque-client au client-client, quoi que ça renforce le contrôle bancaire, tenter de calculer "exactement" ses effets sur le PIB semble peu utile.

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