Quand un directeur du ministère des finances français -qui est en même temps directeur du Club de Paris (CP) visite la Tunisie pour -comme annoncé- (1) apporter de l’assistance technique aux tunisiens, et (2) intervenir pour faciliter les négociations avec le FMI, dans un défaut flagrant de la communication officielle, ça ouvre les portes aux spéculations et ne sert pas l’environnement de (mé)confiance dans le pays:
- D’abord, quel type d’assistance technique pourrait apporter la France à la Tunisie pour qu’elle se prépare aux négociations avec le FMI. À la connaissance de tout le monde, l’assistance technique porte sur les méthodes quantitatives de modélisation macro économétrique et de prévisions établissant le sentier convergent du ratio de la dette permettant d’en déduire les réformes nécessaires viables pour ce faire. Lesquelles réformes seraient adoptées par le côté tunisien en toute souveraineté et seraient une base de négociations.
Or, ceci est, au commun des mortels, possible à faire par les techniciens tunisiens, ô combien ils sont nombreux.
- Ensuite, quelle intermédiation entre la Tunisie et le FMI pourrait jouer un directeur dans un ministère des finances français et quel poids aurait-il pour jouer ce rôle? Certes, l’importance de son poids est due au moins au “soft power” de son pays, mais ceci se joue à une échelle plus élevée (Ministres, diplomates...).
Donc le soft power dont il est doté trouverait aussi son origine dans sa position comme directeur du Club de Paris. Cependant, si la situation actuelle de la balance des paiements n’indique pas un “Imminent default”, le Club de Paris, comme celui de Londres, se base sur les “Prévisions du FMI” pour la période future. Or, les éventuelles prévisions actualisées du FMI ne sont jusqu’alors pas publiées, et les créances publiques bilatérales de la Tunisie ne représentent qu’environ 16% de l’ensemble de la dette extérieure, mais en même temps la dette extérieure n’est pas soutenable!
Parallèlement, puisque le FMI, comme les organisations multilatérales, ne procède pas au rééchelonnement de la dette (pour certaines raisons), il ne se permet pas en même temps de flanquer d’un coup les 12 milliards et immédiatement dans les caisses de l’Etat, même si un accord est conclu entre les deux parties.
En fait, il est soumis implicitement au principe de « conditionality » voulant dire « la nécessité d’éliminer les causes de l’insoutenabilité et de s’assurer de la viabilité des réformes à entreprendre ». C’est pour cela que tous les scénarios sont envisageables.
- Enfin, si la France veut vraiment aider la Tunisie, qu’elle transforme, tout ou partie, ses créances en Investissements (avec les limites que cette manœuvre suggère), ou qu’elle lui apporte de l’appui budgétaire aux taux d’intérêt préférentiels pour alléger le fardeau pesant de son besoin de financement.