À la lumière de l’expérience internationale, la ‘’Coopérative’’ est envisageable sous différents modes (…). Cependant, sur la base des positions antérieures médiatisées de Ridha Lénine, dont on connait un pan suffisant et dont le contenu a pris corps dans certaines décisions de Kaïs Saied, l’appel aux "coopératives" sans en mentionner le mode de propriété ni de gestion, serait fort probablement selon une approche “socialisante” dans la version la plus simple du “socialisme”, visant à transférer simplement le pouvoir (a) administratif et (b) économique de l’État à la population (Achaab).
Par exemple, les habitants du Centre-Ouest (agriculture) et Sud-Est (commerce) en Tunisie, s’étant dotés en moyenne d’un pouvoir économique croissant en dehors de l’État depuis plus d’une vingtaine d’années, ont été à même à manifester leur indépendance de l’État, voir leur “désobéissance’’ à maintes reprises, comme s'ils ne voulaient plus de l'Etat; et ce à la suite de la mise en valeur de certaines activités agricoles due au forage de puits individuels, l’accumulation progressive et la commercialisation informelle.
Par ailleurs, la distribution de terres cultivables au profit d’individus ou de groupes d’individus pour les mettre à contribution est assez ancienne en Tunisie (1954-64-70’s-80’s-90’s et finalement la loi sur l'économie sociale et solidaire quoi que controversée).
Ceci a donné lieu à quelques 300 milles hectares (destinés aux sociétés de mise en valeur et de développement agricole, SMVDA, comportant des fermes de grandes tailles dont certaines ne sont pas entretenues) parmi les 500 milles hectares de terres domaniales cultivables dont une partie est exploitée par les bénéficiaires individuels selon les programmes agricoles de 1990, et le reste n’est jusqu’alors pas exploité.
Quoiqu’ayant amélioré le rendement agricole de ces SMVDA à travers le temps, les résultats réalisés demeurent en deçà des attentes surtout dans les grandes exploitations de blé. En effet, comme ça risque de se reproduire actuellement, la distribution des terres agricoles n’a été une réponse ni à une logique de taille optimale du secteur public, ni de politique industrielle et sectorielles globale, ni une stratégie de développement spatial proprement dite ni un critère de transparence et d’équité. (Comme les fidèles de Bourguiba en étaient les bénéficiaires, ceux de Kaïs Saied en seraient des candidats potentiels).
A défaut des conditions précitées, ce serait une opportunité politique, voire populiste, sur fond d'une alliance avec la montée de nouveaux rentiers, à ne pas manquer.