L’implication de certaines personnes dans les débats publics (réseaux sociaux) comporte des risques majeurs, notamment à travers,
(1) Des propos racistes ciblant les Africains subsahariens, où se mêlent racisme, nationalisme et sentiment d’insécurité. Ces individus, par ailleurs incapables de comprendre les difficultés de leur propre famille (échec scolaire, addictions précoces, ou comportements déviants de leurs enfants), se permettent de juger autrui sans introspection.
(2) Des propos xénophobes envers les victimes de Gaza, assénés sans aucune compréhension des enjeux géopolitiques complexes.
(3) Une rhétorique extrémiste visant le jeune étudiant tunisien ayant brandi le drapeau palestinien avant de trouver la mort, ignorant le deuil de ses proches.
(4) Excitation et joie pour le sort des prisonniers, tant politiques que criminels, malgré l'ignorance flagrante des faits judiciaires.
Cette implication dans les affaires publique, dépourvue de rigueur intellectuelle et morale, n’est pas un phénomène isolé. Elle reflète en fait la fragilité de la société tunisienne minée par une quinzaine d'années de gestion collective chaotique. Les conséquences en sont lourdes telles qu’une jeunesse formatée par des médias sensationnalistes, des séries télévisées superficielles, et un système éducatif et culturel en flagrant échec. Ceci n’a vraisemblablement pas épargné les adultes dans un contexte exacerbant les déficits multidimensionnels de nos structures sociales, familiales et scolaires.
Pour saisir les origines de ces dysfonctionnements sur quelques aspects, deux ouvrages éclairent la situation :
Le premier, ‘’The Basic Laws of Human Stupidity’’ (Cipolla, 1976), définit la stupidité par les dégâts disproportionnés qu’elle génère, souvent amplifiés en période de crise. On comprend dès lors pourquoi les différends inter-individus (collègues ne partageant pas la même philosophie du travail, amis peu intimes, couple en séparation tacite, …) se prolongent à des manœuvres interminables de vengeance (diabolisation, décrédibilisation, implication des mineurs, abus d’usage de la loi, …)
Le deuxième, ‘’Thinking, Fast and Slow’’ (Kahneman, 2011), décrypte les biais cognitifs du ‘’Système 1’’ (pensée intuitive et rapide), qui prime sur le ‘’Système 2’’ (raisonnement lent et analytique). Ces raccourcis mentaux, utiles à l’évolution mais aggravés par le stress ou des structures défaillantes, expliquent des décisions irrationnelles telles que les pertes financières, les opportunités ratées, ou la gestion hasardeuse des conflits quotidiens. Si l’auteur n’évoque pas les troubles obsessionnels, il souligne quand-même les dangers d’une pensée rigide (vision en tunnel) et plaide pour la conscience de soi, la déconstruction des préjugés et le rejet du moralisme étriqué.
Enfin, sans aucun appel à l'autocensure, et s'agissant des individus décrits plus haut, plutôt que de propager des discours plats, hâtifs et parfois toxiques, et au lieu de s’immiscer dans les affaires des autres, qu’elles soient publiques ou privées, ces individus gagneraient à se recentrer sur leur sphère privée - comme ils l'étaient avant 2011, en accompagnant leurs enfants, gérant leurs finances, travaillant avec sérieux, suivant les résultats de l'équipe sportive préférée, ou simplement profitant de la vie tout en respectant autrui. Un tel recentrement constituerait une avancée bien plus historique que leurs diatribes stériles.