Oui le personnage qui a commis le massacre d'hier, à Nice, est d'origine tunisienne. On n'en est pas fier. Mais, au risque de heurter, c'est notre culture qu'il porte et c'est de cette culture qu'il a réussi à obtenir la permission de faire ce qu'il a fait. Il ne suffit pas d'avoir la honte à cause de l'image misérable qu'il réussit à faire parvenir de nous au monde.
Il ne suffit pas de dire, comme certains, que ce gars n'est pas des nôtres et que nous n'avons rien à voir avec lui : ce n'est pas vrai. Cette même indigence morale qui l'a poussé dans les bras des manipulateurs du jihadisme mondial, nous la partageons avec lui, et c'est peut-être bien elle, précisément, qui nous fait dire qu'il est sans pays et sans religion… et qu'on peut donc se laver les mains de ses agissements. Car ça aussi c'est de l'indigence morale : de celle qui donne l'illusion qu'on pourrait ôter à autrui le droit à la vie dans un cas, le droit à avoir une provenance et une identité dans un autre.
Mais rassurons-nous, nous ne sommes pas seuls à mériter la blessure de l'ignominie liée à son action : il y a une politique d'intégration en Europe qui est parfois plus que hasardeuse, sujette à beaucoup de manquements et d'erreurs, il y a un islam planétaire qui peine à faire son aggiornamento pour se mettre au diapason du nouvel ordre mondial, et puis il y a cet ordre mondial lui-même qui génère des violences visibles et invisibles dans les individus, des drames sans réponse, des solitudes qui poussent au suicide… Tout ça nous dépasse et il n'est pas question qu'on nous l'impute.
Bref, ne nous accablons pas outre mesure mais, dès lors qu'il s'agit de l'espace de notre culture, en tant que terreau possible pour des vocations meurtrières, il ne s'agit pas de regarder ailleurs : il y a un problème.