Italie — Législatives : La thèse du chambardement confortée

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Les derniers résultats des élections législatives ne permettent pas de dégager une majorité claire… Les jeux de la négociation en coulisses sont engagés, où les concessions des uns et des autres vont s’accompagner de déclarations et de déclamations à l’opposé…

Après les élections législatives de dimanche en Italie, on entre dans une période d’incertitude dont personne aujourd’hui ne sait combien de temps elle va durer. C’est ce que répètent à l’envi tous les analystes et ils ont raison.

Le président de la République, qui est un personnage relativement discret en temps normal, va certainement prendre de l’importance désormais. D’abord, parce qu’il a un rôle de médiateur entre les différentes formations pour aider à des coalitions, ensuite — et c’est ce qui est nouveau — parce que les deux figures des partis les mieux placés sont jeunes : Luigi di Maio, leader du M5S, a 31 ans et Matteo Salvini, chef de la Ligue du Nord, fête après-demain ses 45 ans.

Du haut de ses 75 ans, Sergio Mattarella incarnera la sagesse face à une fougue qui peut susciter la crainte du bon père de famille italien, ainsi que de l’investisseur.

Mais l’autre fait qui attire l’attention, c’est que, après la France en particulier, l’Italie conforte la thèse d’un grand chambardement du paysage politique dans les pays européens. On y observe un effondrement des partis de la gauche classique, que les élections allemandes de septembre dernier ont également illustré, un renforcement de la droite nationaliste qui surfe sur le thème de l’immigration et du rejet de Bruxelles et, enfin, l’émergence d’une nouvelle génération désireuse de bousculer l’ancienne élite et ses bonnes vieilles habitudes de gouvernement.

En Italie, cette transformation se traduit en chiffres de la façon suivante : le Parti démocrate de Matteo Renzi — qui vient de présenter sa démission, lundi dernier — tombe à moins de 19% des sièges et ne représente plus, avec ses alliés de la coalition de centre gauche, que 23,23%. Lors des élections de 2014, ce même parti, qui regroupe d’anciens communistes et des démocrates chrétiens, avait dépassé à lui seul la barre des 40%.

La Ligue du Nord, parti anciennement séparatiste mais qui a troqué sa haine de Rome contre sa haine de Bruxelles ces derniers temps, totalise autour de 18% des voix mais prend la tête de ses concurrents grâce à sa coalition de droite qui regroupe Forza Italia de Berlusconi (14%), le parti « néo-fasciste » Fratelli d’Italia (5%) et Noi con l’Italia.

Cette alliance pèse près de 40% des députés dans la nouvelle Assemblée. Il est évident que l’exposition particulière de l’Italie au problème de l’immigration a favorisé l’ensemble de ces partis.

Enfin, le Mouvement 5 étoiles (5 pour « eau publique », « transports publics durables », « développement », « énergies propres » et « wifi gratuite »), réalise seul le meilleur score en tant que parti, avec 32,6% des sièges de députés. C’est lui qui bouleverse les usages, en misant sur des thèmes tels que la lutte contre la corruption, l’antipartisme et l’écologie. Qualifié de populiste, il s’est allié dans le passé, au niveau européen, avec des partis d’extrême droite. Mais son profil s’est démarqué de cette tendance, malgré des positions critiques envers le gouvernement au sujet de sa gestion du problème de l’immigration clandestine.

Ce qu’on observe, c’est son refus affiché de s’allier avec la coalition de droite…

Refus d’ailleurs qui s’est exprimé de façon réciproque ! Serait-ce la porte ouverte à une coalition entre le M5S et le Parti démocrate ? On pourrait le penser, mais la gauche, qui digère sa défaite, se promet une cure d’opposition pour se refaire une santé et, a priori, ne veut pas entendre parler de coalition ni de participation au gouvernement…

Va-t-elle changer d’avis comme a fait récemment le SPD en Allemagne ? C’est possible, mais les sociaux-démocrates allemands avaient en face d’eux Angela Merkel, une femme dont l’expérience du pouvoir est des plus grandes à l’échelle européenne… Tout le contraire du fringuant Luigi di Maio !

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