L’actualité mondiale se partage aujourd’hui entre trois grands sujets : d’abord la guerre en Syrie et en Irak, avec un accent particulier sur le siège de la ville d’Alep, le drame des civils coupés du monde et les nombreuses victimes collatérales des bombardements aériens qu’on y observe ; deuxièmement, la mise en place de la joute électorale aux Etats-Unis, qui va déterminer le visage que la première puissance mondiale va se donner à partir de novembre prochain et pour quatre ans, sachant que de ce visage va dépendre en grande partie la nature de la diplomatie internationale et, last but not least, la multiplication et la dissémination des attentats-suicides, avec un élément nouveau : le profil des candidats qui est de moins en moins celui de jihadistes parvenant au terme d’un processus d’endoctrinement et de plus en plus celui de jeunes déséquilibrés, happés par la propagande du radicalisme et dont les tendances nihilistes et suicidaires sont recyclées à la va-vite en projets d’attentats... A telle enseigne que l’on ne sait plus vraiment si l’organisation Etat islamique, qui revendique généralement les opérations, les a réellement commanditées ou si elle ne fait qu’apposer a posteriori sa signature à des tueries désespérées relevant de comportements morbides.
Bien sûr, ce tableau est très réducteur et il occulte bien des événements qui surviennent sur la planète : la paix au Yémen qui peine à s’imposer, le drame du Soudan du Sud avec ses famines et ses violences désastreuses, la réunion de la Ligue arabe à Nouakchott qui devrait attirer tous les regards et qui ne le fait pas, les frictions entre la Chine et ses voisins autour du contrôle des eaux territoriales du sud, l’agitation turbulente et dangereuse de la Corée du Nord avec son arsenal nucléaire... Et puis, pour ceux qui y pensent encore, le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens. Mais peut-on parler à son sujet d’actualité ? Qu’y a-t-il à dire ?
Eh bien, il y a des choses à dire, même si ce qui se passe actuellement demeure frappé du sceau de la discrétion. Au début du mois de juin dernier, 29 pays et organisations internationales — parmi lesquels les Etats-Unis et la Russie — se sont réunis à Paris en vue de relancer le processus de paix. Cette réunion s’est achevée avec l’engagement de se retrouver d’ici l’automne prochain, cette fois en présence des protagonistes qui n’avaient pas été invités. Le gouvernement israélien a beaucoup critiqué cette initiative française mais n’a rien annoncé qui laisse croire qu’il sera absent du prochain rendez-vous. Au contraire, des phrases ont fusé suggérant que le projet de paix issu de la réunion de la Ligue arabe en 2002 était une base acceptable, moyennant des réaménagements pour le réactualiser : tant de choses se sont passées depuis cette date, soutient-on. En effet, tant de choses !
Rappelons que ce plan de paix est une initiative saoudienne. En gros, il prévoit pour Israël un retrait définitif des territoires occupés depuis 1967 — soit le Golan et la Cisjordanie, Gaza ayant été évacué en 2005 —, la création d’un Etat palestinien avec pour capitale Jérusalem-Est, une normalisation des relations avec l’ensemble des pays arabes et, enfin, un retour des réfugiés palestiniens dont les modalités restent à définir…
Rappelons par ailleurs que l’Arabie saoudite a été parmi les pays qui ont participé à la réunion de Paris du 3 juin et il semble même que, avec l’Egypte, elle ait bénéficié d’une sorte de statut privilégié à cette occasion. Ce qui permet de penser que, dans le prolongement de son initiative de paix de 2002, elle est appelée à jouer un rôle particulier pour la suite des événements.
On ne s’étonnera donc pas outre mesure en apprenant que, malgré des relations diplomatiques officiellement inexistantes, un ancien général saoudien, Anwar Eshki, se soit rendu en Israël pour y rencontrer deux responsables gouvernementaux : le directeur général du ministère des Affaires étrangères et le chargé de la coordination gouvernementale dans les Territoires occupés. Cela s’est passé en fin de semaine dernière. Le général à la retraite, qui n’a apparemment pas terminé sa carrière au service de son pays, était accompagné d’universitaires et d’hommes d’affaires. Pas sûr que ce beau monde venait faire du tourisme.
Bien sûr, les mois qui viennent nous diront ce que les bonnes volontés réunies sauront faire de cette ultime tentative de paix : paix qui est devenue une nécessité de l’histoire, à l’heure où les injustices contre les peuples génèrent, à travers des processus complexes, tant de vocations à la terreur, tant de projets de mort, tant de pertes en vies innocentes…
Une question pour conclure : Trump ou Clinton, qui des deux est le plus apte à changer le visage de l’histoire ? Le vote des Américains en novembre prochain ne nous donnera pas seulement le nom du prochain président des Etats-Unis d’Amérique, il nous dira aussi au service de quel monde l’Amérique va mettre sa puissance et quelle place elle va accorder à la paix…