Le bruit des armes entre milices armées s’est à peine tu que celui des attaques terroristes a pris la relève : une situation qui suscite toutes les inquiétudes et qui fait chez nous l’objet d’un suivi en haut lieu.
Où en est le dossier libyen par rapport auquel la diplomatie tunisienne s’est engagée, on s’en souvient, à travers une initiative particulière, laquelle initiative a donné lieu à plusieurs rencontres associant l’Algérie et l’Egypte ?
Car, après une période d’accalmie qui a suivi la conférence de Paris à la fin du mois de mai dernier, conférence à laquelle avaient été conviés les différentes parties prenantes de la crise sous la supervision de l’ONU, on a assisté depuis le 27 août à une reprise des violences, en particulier au sud de la capitale…
Le bilan des victimes s’est élevé à 63 morts et 159 blessés et l’on a dénombré plus de 1800 familles déplacées. Jusqu’à la journée d’hier, et depuis une récente réunion tenue à Genève pour établir un cessez-le-feu, les Libyens de Tripoli vivaient un calme précaire. Précaire, car les milices qui s’affrontent n’entendent pas renoncer au pouvoir qu’elles se sont arrogé au fil des ans, avec tous les avantages plus ou moins illicites qui y sont associés…
Mais la situation a changé depuis, puisque nous avons assisté hier à une attaque contre des installations pétrolières de la capitale. L’opération, qui n’a pas été revendiquée, est attribuée par les responsables locaux aux terroristes de l’EI.
Elle a causé la mort de 2 personnes et fait une dizaine de blessés
Il est clair que cette guerre entre milices, que certains préfèrent appeler des cartels mafieux, provoque une situation sécuritaire propice aux attaques terroristes, aussi bien du Groupe EI que de groupuscules proches d’El Qaïda.
Ce qui signifie que le maintien en place de ces clans armés autour de la capitale et leurs rivalités avec d’autres factions représente un danger de retour en force de la menace terroriste…
Cette perspective est bien sûr de nature à susciter toutes les inquiétudes chez nous, non seulement parce qu’elle pourrait être ruineuse par rapport à tous les efforts de paix engagés par la Tunisie depuis février 2017 – date de la première réunion régionale tripartite autour de la Libye à Tunis -, mais aussi parce qu’elle représente, au moins à terme, un risque accru d’infiltration sur notre sol de la menace terroriste.
Coïncidant avec cette attaque terroriste, une rencontre a eu lieu au Palais de Carthage entre le président de la République et le ministre des Affaires étrangères pour faire le point sur la situation.
Le communiqué de la présidence souligne la « nécessité d’amener les différents acteurs libyens à mettre en œuvre la feuille de route relative au règlement politique »… En quoi la démarche tunisienne reste fidèle à elle-même, invitant les acteurs de la crise à s’en tenir toujours au dialogue et au compromis…
Le problème est que les groupes armés et leur logique mafieuse n’ont qu’un très faible désir de paix pour leur pays et pour leurs concitoyens et que le statu quo, malgré tous ses inconvénients, leur est sans doute préférable…
Comme chacun sait, il existe en Libye toutes sortes d’activités illicites et fort lucratives, autour desquelles gravitent ces milices, et la question est de savoir comment les affaiblir pour que vienne à leur place des forces de sécurité loyales au pays et au peuple.