Il est incontestable que la candidature d’Abdelkrim Zbidi bouleverse la donne. Le bonhomme cumule des qualités que beaucoup d'entre-nous jugent essentielles... Ils n'ont pas tort.
Mais on comprend aussi certaines craintes qui se font jour. Surtout lorsque le choix de ce candidat par ses sympathisants s'accompagne d'une volonté à peine voilée de voir la course s'arrêter à son profit. Car que signifie pareille volonté ?
Disons que l'idée de figer le jeu démocratique au profit d'une personne unique, dans le contexte d'une jeune démocratie comme la nôtre, peut difficilement échapper au soupçon selon lequel elle cacherait une nostalgie de l'ancienne époque...
Le jeu doit rester ouvert ! Quels que soient les atouts qu'on reconnaît à telle candidature, il faut qu'ils soient validés par l'épreuve de la confrontation aux autres candidatures. Ce qui signifie que le candidat en question ne soit pas dispensé de la descente dans l'arène.
C'est par cette dernière, par sa violence psychologique, que les qualités des uns et des autres se révèlent dans leur vérité : ou des artifices de séduction ou des traits profonds de la personnalité.
Qu'il s'agisse de Zbidi ou de tout autre candidat, nous avons besoin de ce moment qui nous éclairera et nous rassemblera, par-delà les partis-pris qui nous opposent.
Bref, le jeu démocratique est à la fois ce qui nous monte les uns contre les autres et ce qui nous réconcilie dans une large mesure… A condition toutefois d'être respecté dans l'esprit de ses règles. Ayons donc en tête ce paradoxe dans notre manière d'aborder le moment électoral qui se présente.