Le prisme et l’horizon/ L’énigme de « Cologne »

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Quand une telle horde se rassemble pour enfreindre la loi, cela paraît sous une forme ou une autre planifié. « Personne ne me fera croire que cela n’a pas été coordonné ou préparé» : voilà en quels termes s’est exprimé le ministre allemand de la Justice, dimanche dernier, sur les colonnes du journal Bild, à propos des incidents qui ont marqué la nuit du 31 décembre à Cologne.

Rappelons les faits : dans la nuit du nouvel an, vers le coup de 22h30 et dans un large périmètre situé autour de la gare centrale de la ville, des hommes s’en prennent aux femmes à travers des agressions à caractère sexuel. La police est débordée... Dans les jours qui suivent, les plaintes déposées par les victimes se multiplient et tout le monde commence à prendre la mesure de l’incident. Les témoignages pointent le doigt en direction de la population immigrée, dont les demandeurs d’asile venus récemment de Syrie et d’ailleurs... Les rapports de police confirment.

Sur le plan politique, les conséquences sont aussi dramatiques. Angela Merkel, la chancelière, est attaquée dans son propre parti, la CDU, pour s’être trop engagée dans une politique d’accueil des réfugiés. L’Allemagne en a accueilli 1,1 million durant l’année écoulée ! Le parti xénophobe Pegida se frotte les mains : ses partisans sont descendus dans les rues en scandant des slogans hostiles aux étrangers et la manifestation a tourné à l’affrontement avec la police... Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a enchaîné en réclamant la tenue d’un conseil européen extraordinaire en vue de revoir le contrôle des frontières.

Du côté des citoyens et de la société civile, on se fait la réflexion qu’il y a un problème d’intégration et que les étrangers accueillis doivent comprendre qu’ils auront à respecter et les personnes et les coutumes du pays. Ce qui est assurément la moindre des choses pour un réfugié qui bénéficie des conditions de l’accueil... Mais l’énigme reste entière : quelle est la main invisible qui a poussé, contre leurs intérêts, ces étrangers à se conduire de façon si indécente et odieuse ? Puisque, comme le fait bien remarquer le ministre de la Justice allemand, on ne peut croire que tout ce monde se soit donné le mot pour agir de la même manière en un point particulier du pays.

Au risque de se livrer à des supputations, on ne peut exclure une opération de manipulation. Les témoignages rapportent que beaucoup de ces hommes mis en cause étaient sous l’effet de l’alcool et avaient d’ailleurs maculé les lieux autour de la gare de leurs vomissures. On peut imaginer, par ailleurs, le genre de discours qui leur aurait été tenu par quelques individus téléguidés : que le jour du réveillon était un jour où tout était permis en ce pays aux mœurs «libres», qu’il suffisait de forcer un peu la barrière de la pudeur pour qu’elle tombe d’elle-même, que les femmes allemandes ne méritaient de toute façon pas qu’on accorde à leur corps la même sacralité que celle qui est due aux femmes de leur propre pays…

On sait qu’une certaine culture, ou plutôt un certain manque de culture, rend beaucoup d’immigrés assez perméables à ce type de discours, surtout s’ils n’ont pas pris le temps de bien connaître les gens qu’ils côtoient dans leur environnement nouveau. La formidable pression festive de la nuit du réveillon, l’alcool aidant, achève d’inoculer les audaces les plus folles…

A qui profiterait une telle opération de manipulation ? A tous ceux qui ne pardonnent pas au gouvernement allemand d’avoir opté pour une politique d’accueil. Ce qui fait penser bien sûr à l’extrême droite allemande, mais pas seulement. Il y a aussi certains pays européens dont l’islamophobie a été dénoncée et qui souhaiteraient peut-être faire payer à l’Allemagne ce qu’ils considèrent comme son «humanisme à bon compte»... Ou encore ceux qui voudraient que quelque chose de suffisamment grave survienne pour inverser enfin la tendance de l’opinion dans le sens d’une exigence de fermeture des frontières.

Les motifs ne manquent pas, ni ceux qui avaient un intérêt quelconque à ce qu’arrive ce qui est arrivé. Mais la seule chose qui soit sûre, et si regrettable, c’est que des réfugiés se laissent d’abord manipuler, puis salir par un comportement qui les déshonore... Beaucoup d’entre eux s’exposent en tout cas à des mesures de reconduction à la frontière.

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