Le soutien populaire dont jouit notre désormais "super-président" lui vient essentiellement de ce vaste parti qui s'appelle lassitude et exaspération et dont la cible privilégiée- grâce en particulier au formidable travail de dame Abir-est le "parti des Ikhwans".
Mais il n'est pas certain que ses visées rejoignent en tous points les attentes de ces gens. Kaïs Saied n'a pas renoncé à ses plans. Ni à sa volonté de s'acquitter des promesses sur la base desquelles il a été élu. Et il se donne les moyens de ses objectifs en composant avec un donné juridique qui, s'il était respecté scrupuleusement, vaudrait impossibilité absolue de les réaliser. Cela avait en son temps fait l'objet de nombreux commentaires.
L'idée d'une démocratie directe est une idée qui mérite toute notre attention. Elle ne se réduit pas au modèle "kaddafien" à quoi on l'associe, souvent pour la rejeter. De plus, c'est une idée qui a désormais une légitimité en tant que projet politique, à charge pour la société civile d'en préciser le contenu, de dire ce qui peut correspondre en elle à de vraies aspirations et ce qui est à ranger dans la rubrique "Élucubrations théoriques".
Mais cette analyse que nous esquissons ici, quelle que soit son degré de pertinence, ne signifie absolument pas que nous soyons dispensés d'envisager d'autres scénarios. Qui ont aussi leur probabilité. Un homme politique peut changer de projet en cours de chemin, sous la pression des hommes et des événements. Il peut aussi avoir utilisé telle ou telle idée en sachant dès le départ qu'elle lui servirait de tremplin et qu'il l'abandonnerait au moment qu'il jugera opportun.
Nos appréciations concernant ces scénarios divers importent peu. Nous avons en revanche un devoir citoyen de vigilance. Qui est au moins de ne pas mettre le pied à l'étrier à un possible dictateur.